Peut-on rire de tout ?

Incontestablement, "Vends 2 pièces Beyrouth" est mon coup de cœur de 2016, tout univers confondu. Coup de cœur, mais aussi coup de poing. Je sais que beaucoup considèrent mal Jérémy Ferrari, le jugeant fade dans son humour noir, pas assez dénonciateur, un "usurpateur du genre", à cela je dirais : "Oui, d'accord, mais aurais-tu, toi, cynique spectateur, le courage de monter sur scène pour parler de la guerre, pour parler des attentats, pour dénoncer avec subtilité, sans lourdeurs, des faits de la société, faits que nous ignorons souvent ou dont nous ne parlons jamais ? Aurais-tu la présence d'esprit de jouer avec les subtilités, de comprendre les engrenages, de ne pas trop en faire, de rester assez intelligent pour ne pas mettre les deux pieds dans le plat ?"

Si j'avais été séduite par "Hallelujah Bordel !", spectacle qui, d'ailleurs, m'a poussé à prendre les billets pour "Vends 2 pièces à Beyrouth", j'ai ici été subjugué.
Jérémy Ferrari ne se met aucune limites, aucune barrières. Dès les premières minutes de son spectacle, il donne le ton, nous fait rire d’atrocités qui ont eu lieu, qui marquent encore les esprits et à cela : bravo. Bravo car, comme il le dit dans son tout 1er spectacle : "Mieux vaut une minute de rire qu'une minute de silence".

Jérémy Ferrari ne se moque pas, il dénonce par l'humour noir pour défendre des individus, pour expliquer, pour démontrer l'absurdité des plus extrêmes. Car, oui, la guerre est absurde après tout. Mais il ne parle pas seulement de la guerre, il tente aussi de dénoncer les plus hypocrites de la société, ceux qui, pour une "juste cause", s'en mettent plein les poches.

Le seul bémol serait peut-être le rythme de son spectacle. Il commence extrêmement fort, il est donc difficile, par la suite, de maintenir la barre aussi haute, et c'est dommage car il perd en dynamisme et en attention de son public.

Cependant, je lui pardonne, je lui pardonne tout pour ce qu'il a réussi à faire : démontrer que l'on pouvait rire de tout (pour les plus ouverts d'esprit).

EDIT : J'ai revu le spectacle deux fois depuis cette critique. Peut-être a-t-il progressé dans le jeu de son spectacle, mais le rythme est désormais là et l'ambiance est à son comble ! Alors pour tout son travail, un grand bravo.