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Alex de la Iglesia compte parmi mes réalisateurs favoris pour la simple et bonne raison qu'il ne m'a jamais vraiment déçu à part peut être avec Messi son anecdotique biopic sur le footballer Argentin. Je suis donc d'autant plus attristé de voir que depuis Les sorcières de Zugarramurdi en 2013, le réalisateur espagnol n'a plus les honneurs du grand écran en France et que ses films se retrouvent directement bazardés sur des sites de VOD et des plate formes de streaming à l'image de ce Veneciafrenia, thriller horrifique pourtant bien plus original et fréquentable que bon nombre de films d'horreur sortis sur nos écrans ces dernières années.


Veneciafrenia nous invite donc à Venise en compagnie d'une bande de touristes espagnols venus s'éclater lors du célèbre carnaval. Une fois sur place ils vont très vite se heurter à des habitants complètement excédés par le tourisme de masse et plus particulièrement à tueur sous un costume de bouffon qui a décidé tout simplement de supprimer physiquement les touristes.


Veneciafrenia commence très fort, peut être même trop fort, avec un superbe générique de début ultra graphique sur une participation endiablée de Roque Banos. Ce générique qui évoque par sa typographie et son ambiance un bon vieux giallo des familles tout en faisant défiler un festival de trognes pas possible comme les affectionne le réalisateur annonçait clairement du très grand Alex De La Iglesia. Alors clairement le résultat est bien moins éclatant, moins fou et moins en adéquation avec l'univers souvent foutraque du réalisateur espagnol, mais il n'en reste pas moins un film très agréable à regarder. Veneciafrenia est un film formellement plutôt classique dans lequel le réalisateur semble même être un peu sur la réserve ce qui ne l'empêchera pourtant pas de nous offrir un paquet de séquences qui font furieusement plaisir à voir. On va tout de suite évacuer le principal défaut du film qui est son écriture qui manque un peu de richesse tant dans ses thématiques que dans ses personnages et qui manque surtout beaucoup de suspens. On connaît peut être un peu trop vite les motivations du tueur et son identité même si le film joue sur une certaine ambiguïté concernant ses potentiels alliés et complices comme pour l'inspecteur de police qui conduit l'enquête. Le fond thématique du film est quant à lui plutôt malin avec ce ras le bol du flux touristique de masse conduisant les habitants à vouloir éloigner les touristes par la terreur en transformant un site attractif par un endroit dangereux. Sur ce point le film ne sombre dans aucun didactisme en prenant soin de mettre à l'image différents points de vues évitant ainsi de charger l'un ou l'autre des différents antagonistes. Les personnages ne sont clairement pas très marquants mais ils existent le temps du film et dans l'optique d'un banal slasher on ne va clairement pas leur en demander beaucoup plus. Même si le scénario use de quelques facilités et qu'il manque parfois de subtilité pour dénoncer certains comportements comme lorsque toute une foule de touristes filment bêtement au smartphone un égorgement en pleine rue en pensant que c'est un happening théâtrale (difficile à croire), dans l'ensemble ce Veneciafrenia tient bien la route et ne souffre d'aucunes rédhibitoires incohérences.


Mais la grande force du film reste son ambiance superbement captée par la caméra d' Alex De La Iglesia. Le réalisateur espagnol tire le meilleur de son décor et de cette ambiance à la fois baroque, exubérante et inquiétante du carnaval de Venise avec ces costumes et ses masques très luxueux et chatoyants dissimulant pourtant toutes les turpitudes possibles. Les petites rues labyrinthiques de Venise, ses étonnants intérieurs de maison qui baignent dans l'eau, l'imposante architecture des bâtiments chargés d'histoire, la ville n'est pas ici que décorative elle est l'un des protagoniste du film. La séquence qui se déroule dans le théâtre abandonné avec son humidité, ses imposantes sculpture et tentures est une des grandes réussite graphique du film. Veneciafrenia tire aussi le meilleur de ses imposants et impressionnants masques vénitiens comme celui du docteur, vestige des médecins qui soignait les pestiférés et bien sûr celui du tueur figure de bouffon démoniaque, brutal et sadique. Même si le film n'offre rien de vraiment mémorable niveau horrifique la séquence montrant ce sinistre bouffon agiter comme un pantin le corps d'une malheureuse retenue par des crochets au bout de cordes constitue un joli moment de poésie macabre. Et puis je trouve qu'il possède une certaine prestance ce tueur, cette sorte de bouffon puant et cruel qui applique de manière un poil primaire l'option de supprimer les touriste pourrait tout à fait devenir un très honnête boogeyman récurent. Et quand bien même Alex De La Iglesia foire un peu la fin de son film dans l'ensemble ce voyage mortel à Venise mérite vraiment le détour.


Alors oui ce n'est pas le plus grand film de son réalisateur, oui il manque la noirceur, la folie et l'humour propre à son univers, oui l'histoire n'est pas irréprochable et le personnages pas folichons, oui ça reste un slasher globalement assez basique, oui je surnote peut être un peu. Il n'empêche que je n'échangerais pas Veneciafrenia contre dix reboots, quatre remakes et trois production Blumhouse

freddyK
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le 9 avr. 2024

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