Venus Wars
6.9
Venus Wars

Long-métrage d'animation de Yoshikazu Yasuhiko (1989)

Une science-fiction majeure qui fait grimper notre adrénaline à toute vitesse.


Notre nation est envahie et toi misérable tu ne lèves même pas le petit doigt pour la défendre !



Yoshikazu Yasuhiko est connu pour son travail sur des séries comme Space Cruiser Yamato, les Mobile Suit Gundam, ainsi que pour des films comme Crusher Joe, et en particulier pour l'excellent Arion, qu'il créa à la base en tant que manga ( faute de choix ), pour finalement l'adapter en film d'animation. Quelques années après ( en 1989 ), le film Vénus Wars voit le jour, lui aussi adapté d'un de ses mangas, dont il adapte les 4 premiers tomes pour en faire un long métrage d'animation.


Le principal tort de Vénus Wars fut d'être sortis un an après la production majeure et emblématique ""AKIRA"" de Katsuhiro Otomo. Vénus Wars mettant en avant une bande de jeunes loubards à moto, la comparaison c'est donc faîtes inlassablement entre les deux oeuvres. Pourtant ils n'ont absolument aucun rapport l'un avec l'autre, que ce soit au niveau de l'intrigue, et des thématiques. Il en a coûté à Vénus Wars de vivre continuellement ( encore aujourd'hui ) dans l'ombre d'Akira, malgré les valeurs sûres, ainsi que sa technique à toute épreuve qui font de lui un animé de grande valeur, s'imposant à mon sens comme une référence de l'époque du cinéma d'animation japonais.


L'histoire nous envois dans une époque futuriste, où la colonisation de Vénus est en proie à la guerre entre Ishtar et Aphrodia où les populations voisines déjà en place se retrouvent mêlées à cette confrontation. C'est dans ce contexte qu'on nous dresse le portrait d'une bande de loubards adepte de sport à moto ultraviolent ( sport national de cette planète ) appelé Rollerbike qui va se retrouver à leur insu plongé dans cette guerre.


Le personnage principal Hiro est un parfait miroir de la jeunesse actuel d'époque au Japon, se retrouvant projeté dans une société où le chaos et le désordre règnent en maître. Le principal point fort de cette intrigue vient de sa maturité, s’adressant avant tout à des personnes plus âgées que la moyenne. À la fois subtil, inspiré et ténu, le récit est perspicace dans la construction de son histoire. Le réalisateur ne prend jamais le chemin de la facilité, ne tombant pas une seule fois dans un héroïsme excessif, ni dans une surenchère d'émotion dénaturée.


Le travail de direction artistique est spécifique, de même que celui consacré aux décors qui sont justes admirables. On assiste à une belle fresque de science-fiction qui dépeint superbement son univers à travers des décors originaux et piteux. Aphrodia est une mégalopole en proie à l'illusion fantasmagorique d'une Terre qui croie en une ville effervescente alors qu'elle est très médiocre et archaïque. La cité de Vénus est un leurre d'un jour meilleur alors qu'elle se retrouve à être en grande partie une déchetterie décrépite avec en son sein le paria du monde actuel.


Je pense que le réalisateur Yoshikazu Yasuhiko s'est inspiré de la cité de Rome pour créer son Aphrodia. En effet, elle est une terre promise qui pourtant abrite en elle déchéance, pauvreté, maladie, vol... en bref un monde où seul les riches vivent le bonheur, et pour satisfaire la populace démunie, et éviter un débordement, on leur offre le Colisée avec ses gladiateurs qui s'entre-tuent. Sauf qu'ici les gladiateurs armés de lances et d'épées sont remplacés par des motos futuristes.


Vénus Wars est une réussite technique, sa mise en scène est bluffante et sacrément dynamique surtout durant les scènes à moto, où les plans sont vifs, élaborés et d'une fluidité troublante. Une faculté acérée du déplacement et de la vitesse à l'image. Le design des motos de Vénus ainsi que des mécha est magnifique on reconnaît bien là le style d'Yoshikazu Yasuhiko, qui livre des effets spéciaux spectaculaires, à une époque où les dessins ne se faisaient pas à l'ordinateur comme aujourd'hui mais à la main ( respect ).


La mise en scène épouse adroitement le moindre mouvement à moto, comme la caresse d'une main qui fait tourner la poignée d'accélération, ou le déploiement d'artillerie d'une moto... Les dessins sont superbes, mais la couleur en a pris un coût, on sent un peu le dater. Il n’en résulte pas moins que les ébauches et la théâtralisation offrent un certain prestige à cette production, corrigeant la facilité scénaristique de certains moments, glorifiant ses autres aspects ( comme quelques petits plans coquins, point commun des anciens films d'animation ).


Un film de science-fiction bien échafaudé, tremplin à des actions impressionnantes et d'un réalisme étonnant appuyés par des bruitages de qualité. Les séquences de guerre sont marquantes grâce à des scènes de dévastations et de déflagrations importantes, suivies par des pétarades de moto guerre, ainsi que de chars d'assauts futuriste qui dévastent tout sur leur passage. Les héros n'étant pas des soldats mais des simples motards, leurs séquences d'action se font essentiellement par des courses-poursuites enivrantes, réalisé avec efficacité. Ce point est certainement le mieux accomplit de Vénus Wars, mettant un point d'honneur à la performance artistique autour de ses affrontements à grande vitesse.


Sans être trop excessif les moments accordés à l'action ne sont pas trop avares, ne représentant qu’un composant du film, ce qui augure du bon. L'insurrection d'Ishtar s'impose ici comme étant l'initiateur de la transfiguration et l'évolution de ses protagonistes qui ne sont à la base qu'un groupe de jeunes adultes amateur dans la pratique du Rollerbike. Un groupe de pote je-m'en-foutiste pourvut d'un sens de l'amitié profond qui est plaisante à voir et qui fait qu'on s'attache assez aux personnages pour avoir envie de les suivre.


Vénus Wars possède un véritable background pour tout ce qui touche aux règles qui s'appliquent à ces sacrées courses. Tout ce qui orbite autour du show donné par les différentes équipes de motards, comme les paries dans les bars entre autres... c'est ce genre de détail qui grandit pleinement un film et lui confère une authenticité. Toutefois je tiens à rassurer, les courses de Rollerbike ne sont qu'une infime partie de cet anime qui ne se résume pas à un simple film de course de motos bien évidemment.


Viens à présent un argument de taille, que dis-je capital pour certain qui en gros donne un sens indéniable à voir ce long métrage pour les initiés et pas que, sa bande son. La musique est composée par JOE HISAISHI ! Pour ceux qui l'ignorent Joe Hisaishi est une légende vivante de la composition japonaise mondialement connue. Il possède une montagne de récompense et ne cesse de faire des tournés à travers le monde grâce à ses thèmes musicaux féerique.
C'est à lui que l'on doit l'ensemble des musiques du Studio Ghibli comme Nausicaä de la vallée du vent, Le Château dans le ciel, Mon voisin Totoro, Kiki la petite sorcière, Porco Rosso, Princesse Mononoké, Le voyage de Chihiro, Le Château ambulant, Ponyo sur la falaise, le vent se lève, Le Conte de la princesse Kaguya, Le Tombeau des lucioles...
Ceci n'est qu'un détail de l'ensemble de son travail, en gros ce mec est une légende vivante. Sa composition pour Vénus Wars est d'ailleurs la plus étrange car elle est composée d'une touche d'excentricité à coup de synthés propres aux années 80, une confection volontaire pour marquer le fait que cela se passe sur Vénus à l'an 89.


CONCLUSION :


La première fois que j'ai vu ce film d'animation j'étais mino, et de mes yeux d'enfant j'avais un peu peur d'avoir extrapolé m'ont ressentie sur cette oeuvre. Pourtant des années après je m'aperçois que le résultat est toujours aussi grandiose et qu'il a très bien vieilli. Pourvu d'une réalisation sans failles, ainsi que d'un aspect technique à toute épreuve, le cinéaste Yoshikazu Yasuhiko vient à me faire regretter amèrement le fait qu'il est arrêté sa carrière de réalisateur après cette production.


Vénus Wars est une science-fiction majeure que je conseille fortement que l'on soit fan ou non de manga, car en plus d'être une science-fiction majeure, elle marque le dernier travail de Yoshikazu Yasuhiko.

B_Jérémy
8
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le 30 oct. 2018

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