On a tous des madeleines de Proust cinématographiques, des films de notre enfance ou adolescence qui, quelle que soit la raison, nous ont marqué lors de leur premier visionnage, qu’on prend plaisir à revoir des années durant quoi que peuvent bien en penser les autres. Etant un enfant biberonné au cinéma, j’en ai plein de ces petits plaisirs que j’aime à revoir de temps en temps, et l’un d’eux est Very Bad Things, premier film de Peter Berg, acteur / réalisateur qui mettra en scène par la suite des films tels que Bienvenue dans la Jungle (2003), Hancock (2008), Battleship (2012), Du sang et des Larmes (2013) ou encore 22 Miles (2018). Ce premier film a eu une réception assez froide à sa sortie, rapportant seulement 21M$ pour un budget de 30 (sans compter la promo), certains critiques presse de l’époque qualifiant même le film d’un des pires films de 1998. En fait, il ne semble pas y avoir réellement de nuance avec ce film, soit les gens adorent, soit ils détestent. Moi j’adore.


Des histoires de potes et de soirées qui déraillent voire qui tournent mal, on n’a pas attendu Very Bad Trip pour ça. Et il serait facile de penser que le titre de ce dernier, en plus de prendre un peu la même thématique, est un hommage au film de Peter Berg. Le scénario de Very Bad Things suit le schéma désormais classique d’une erreur qui est commise en début de film, erreur qui ne fera au final qu’empirer à chaque tentative de la réparer ou de la cacher à cause des pires facettes de la nature humaine, jusqu’à que tout cela devienne complètement hors de contrôle, que les cadavres commencent à s’entasser et que l’étaux se resserre sur la santé mentale de ceux qui restent. Ici, tout le monde va en prendre pour son grade. Les femmes sont représentées comme des harpies ou des folles furieuses, les hommes comme des gros bouffons débiles. Avec la façon dont le film dépeint la famille, els enfants, le mariage, on est dans le corrosif le plus total. Le langage est souvent vulgaire (le mot fuck serait employé 124 fois dans le film), on y voit une scène de beuverie, de prise de coke, et il est clair que tout est fait pour rendre les personnages antipathiques, par leur côté psychopathe, leur côté paumé, passif, peureux, hystérique, directif, … Prostitution, drogue, alcool, moralité vacillante , fratricide, sans parler de la fin complètement noire, poussant à fond le curseur du malaisant mais sans jamais quitter cet humour noir qui caractérise le film. On pourrait également voir dans cette satire une société plus obsédée par les apparences de la moralité que sa réelle mise en pratique, une société obsédée par les symboles (le mariage, les cérémonies, …) plus que par ce qu’ils représentent réellement. Normal que le public américain, qui pour beaucoup ont ces valeurs là comme piliers de vie, ait détesté le film, le trouvant trop grossier, car la satire de leur société y est réellement féroce.


Et pourtant, pour peu qu’y on adhère bien entendu, l’humour noir et macabre y est ravageur, bien méchant, et on éclate de rire à des moments où il ne faudrait pas car tout est fait pour qu’on le fasse (la scène des « morceaux » et des valises). Le scénario de Very Bad Things va virer dans l’absurde et l’imprévisible, avec ce groupe de potes qui va commettre des actes de plus en plus disproportionnés et extrêmes simplement pour que le mariage de leur ami ait lieu. Le film verse dans le gore gentillet, bien qu’il aurait pu aller bien plus loin en termes de violence et de sanquette et c’est assez incompréhensible qu’il ait pu choquer, voire outrer autant de monde. Mais bon, les voix du monde des cul-bénis américains sont impénétrables… Le casting se donne à fond au point que certaines scènes seront à double tranchant, jouissives pour ceux qui accrocheront, épuisantes pour les autres, avec des acteurs qui n’hésitent pas à aller dans l’hystérie collective, le surjeu parfois, mais tout en réussissant à garder une réelle crédibilité. Mais celui qui tire son épingle du jeu, c’est clairement Christian Slater qui, en étant en roue libre totale, est tout bonnement excellent dans un rôle assez mémorable. Avec sa tête de morpion, ce genre de rôle lui va parfaitement et il semble prendre un plaisir incommensurable à les interpréter. Il est à noter que le scénario de Very Bad Things est très similaire à celui de Sale Nuit (Stag en VO), bobine faite pour la chaine HBO (et qui sortira plus tard au cinéma) avec Mario van Peebles et Kevin Dillon dans laquelle un homme est sur le point de se marier mais qui va devoir improviser lorsque, lors d’une grosse soirée organisée par ses vieux potes pour fêter la fin de son célibat, une stripteaseuse chute et décède. Sale Nuit a été diffusé sur HBO pour la première fois en juin 1997, tandis que le tournage de Very Bad Things a commencé en septembre 1997. La coïncidence pourra paraitre troublante…


Avec son second degré, ses dialogues percutants et son humour noir, féroce et macabre, Very Bad Things est une très bonne comédie qui livre une satire corrosive de la société américaine. Un très bon moment bien méchant.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-very-bad-things-de-peter-berg-1998/

cherycok
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 11 avr. 2024

Critique lue 7 fois

cherycok

Écrit par

Critique lue 7 fois

D'autres avis sur Very Bad Things

Very Bad Things
MDCZJ
7

Un délire meurtrier bien tordu !

A première vue, rien ne me prédestinait à regarder cette comédie de 1998 réalisée par Peter Berg. Je n'en avais tout simplement jamais entendu parler ... Pourtant, il s'avère que récemment j'ai...

le 24 févr. 2016

10 j'aime

3

Very Bad Things
Momodjah
1

Il n'y a pas d'autre mot : consternée !

Sans conteste, il faut avoir une bonne dose de second degré, voire de trente-deuxième degré pour pouvoir apprécier ce film, enfin je suppose ... D'habitude, ça ne manque pas chez moi. Pour ce qui est...

le 28 oct. 2010

9 j'aime

Very Bad Things
FPBdL
7

Critique de Very Bad Things par FPBdL

Very Bad Things prétexte un mariage gentillé pour nous faire participer à un enterrement de vie de garçon un tantinet extrême. C'est en cela que le récit est captivant. Il s'inspire d'un évènement...

le 26 févr. 2013

8 j'aime

Du même critique

Journey to the West: Conquering the Demons
cherycok
7

Critique de Journey to the West: Conquering the Demons par cherycok

Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...

le 25 févr. 2013

18 j'aime

9

Barbaque
cherycok
4

The Untold Story

Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...

le 31 janv. 2022

17 j'aime

Avengement
cherycok
7

Critique de Avengement par cherycok

Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...

le 3 juil. 2019

17 j'aime

1