Au fond des bois, dans une cabane à sucre qui n’est plus utilisée, la sexagénaire Victoria trouve refuge à sa sortie de prison auprès d’un vieil oncle à demi paralysé, ayant perdu l’usage de la parole, dont un adolescent du voisinage s’occupe avec soin. Bientôt rejointe par Florence, d’une vingtaine d’années sa cadette, avec qui elle a partagé de longs moments d’intimité par le passé, elle réfléchit sur sa nouvelle liberté, aidé par Guillaume un agent de libération chargé de veiller à sa bonne réintégration.

Pour son huitième long-métrage, le québécois Denis Côté, un habitué des festivals souvent récompensé (Cannes, Locarno ou Berlin), continue à construire un univers décalé, peuplé d’individus souvent en marge de la société. Si Vic + Flo ont vu un ours semble suivre une trame narrative plus aboutie que dans les opus précédents, le récit connait très vite des ruptures de tons, emprunte des directions inattendues. La tranquillité de Vic et Flo sera bientôt perturbée par le rappel du passé sans que le réalisateur de Bestiaire éclaire ce qu’il fut, se contentant d’installer une atmosphère de plus en plus lourde, et même angoissante.

Développé dans des tonalités bleues et vertes, le film souffre néanmoins d’une absence prolongée d’événements, ce qui ne manque pas de créer un certain ennui, à peine dissipé par la langue verte et imaginé des québécois. Montrées du doigt parce qu’elles s’occupent mal du vieil oncle et vivent en couple autarcique, même si Flo s’autorise quelques escapades, les deux femmes sont-elles en mesure d’inventer une autre existence ?

À force d’épure et d’ellipses, le film laisse deviner sa dimension très fabriquée, sa mise en scène très léchée (et donc très visible), cultivant avec délectation son goût réputé sûr du décalage et de l’insolite qui, hélas, finit par sonner vain et stérile, même s’il s’appuie sur un pessimisme latent car, dans ces étendues sylvestres et silencieuses, est-il possible de s’y terrer et d’ainsi échapper à l’ours ?
PatrickBraganti
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le 10 sept. 2013

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