Aussi poétique et romantique que confus et bariolé, Vif-Argent tient de ces premiers films où perce le talent et où en même temps l’on veut tout dire et finit par en faire trop, manquant donc de juste mesure.


Toutefois, le scénario semblait à première vue assez minimaliste – peut-être trop pour soutenir un récit aux grandes ambitions : raconter la mort - et son équivalent visuel : révéler l’invisible. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il finit par tourner sur lui-même, devient redondant, ne sait plus quoi inventer et s’enlise dans les méandres d’une imagination déambulant périlleusement en funambule aux bords de l’abstraction, et ce après avoir fait naître un vif intérêt au moyen d’une audacieuse dissolution du temps et de l’espace, d’une redéfinition des normes narratives et d’un regard levé sur ces êtres anonymes et inaperçus dans la grande ville.


Si Faulkner nous égare volontairement dans certains de ses romans en brouillant les pistes (noms des personnages identiques, linéarité temporelle éclatée, points de vue et narrateurs multiples, etc), il s’en dégage néanmoins une structure dans le chaos et surtout une ambiance dans laquelle le lecteur se retrouve sensiblement emporté. Or, la même expérience des sens ne se réalise jamais dans Vif-Argent qui hélas se révèle trop timide dans son expérimentation de l’image, au contraire d’un David Lynch, s’il faut encore citer les références esthétiques majeures de l’art moderne.


Un coup d'essai qu'il aurait fallu retravailler, tant dans l'écriture que dans l'image.

Marlon_B
6
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le 10 janv. 2021

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