Ce Vivante-là n'a rien à voir avec le joli Vivante de Sandrine Ray. Il fait plutôt partie d'une série de commandes de la part de Canal+ dans le cadre de promouvoir le iporn (comprenez par là les œuvres pornographiques "intelligentes", exclusivement conçues par des scénaristes-cinéastes féminines et féministes). Dans la même série, le retour de Brigitte Lahaie, à 65 ans, au sein du genre dans l'excellent (et férocement mal-aimé de la part des hommes) Une Dernière Fois avait déjà fait grand bruit. Anoushka enfonce ici le clou avec des propos féministes certes pas toujours subtils, mais qui se voient enrichis par un message global résolument pertinent et, surtout, inhabituel quant au genre. Au XXIe siècle, les femmes visionnent autant de porno que les hommes (ce qui était loin d'être le cas au XXe) et la démarche de ces nouvelles cinéastes alternatives à produire un porno bien plus éthique, inclusif et solidaire reste à saluer.
Vivante parle essentiellement d'amour. Mais aborde aussi un sujet bien peu traité dans le cinéma, voire même dans les médias, qui est la problématique sexuelle pour la plupart des personnes atteintes d'un handicap moteur. Suite à un accident en bicyclette, Louisa, la protagoniste du film talentueusement incarnée par Romy Furie, reste partiellement paralysée. En réfutant son propre corps, sa libido devient alors inexistante. Entre alors en scène une assistante sexuelle qui va user de psychologie pour d'abord atténuer la colère de Louisa puis la guider à retrouver sa propre confiance et son plaisir. Un sujet tabou, mettant en lumière une activité encore officiellement interdite en France, puisque considérée comme de la simple prostitution mêlée à une forme de proxénétisme.
Quoi qu'il en soit, le thème abordé ici reste d'une pertinence inégalée au sein du genre et la réalisatrice se moque éperdument des tabous. Seule la bienveillance compte à ses yeux et elle use de diversité et d'inclusivité à tous les niveaux pour proposer une pornographie différente et sacrément intelligente. Le terme iporn convient donc à merveille pour ce type de cinéma.
Et si la réalisation n'est pas toujours la plus originale qui soit (dont l'inutile utilisation d'un drone pour souligner quelques effets), elle reste efficace de naturel pour nous plonger dans l'intimité de ces corps qui s'enchevêtrent avec passion. L'authenticité est ainsi omniprésente et rend d'autant plus le métrage agréable à visionner lorsque l'on est pas (à mon instar) une grande adepte du porno. Et avec son petit charme comparable à celui de la chanteuse Charlène Darling, la comédienne Romy Furie crève l'écran et procure la furieuse envie de devenir sa pote.