Ce film fantastique genre terreur fout la trouille véritablement.


Il m'a intéressé en tant que satyre sociale dans laquelle l'uniformité de la société de consommation est vivement critiquée.


Ne serions-nous pas enfermés, comme Gemma et Tom, nos pauvres héros martyrisés, dans une société de répétition, sans relief où tout se ressemble jusqu’à nos lieux de vie, où notre liberté est totalement bafouée et dans laquelle nous sommes mêmes instrumentalisés par des forces obscures ?


D'après le site allo ciné, Vivarium serait né d'une suite de constats observés par Lorcan Finnegan : l'accès à la propriété immobilière montrée comme un but absolu à atteindre, l'endettement qu'on subit pour réaliser ce rêve, l'uniformité des banlieues pavillonnaires et le consumérisme.
Aborder ces thèmes à travers le fantastique permet de les amplifier.
Le réalisateur décrit son film comme « un conte à la fois surréaliste et tordu, à la fois sombre, ironiquement drôle, triste et effrayant ».


Avec Vivarium, Lorcan Finnegan poursuit son exploration du "cauchemar immobilier" qu'il avait déjà étudié dans ses courts-métrages Foxes et Defaced.
Le premier met en scène un couple vivant dans une "propriété fantôme" au milieu d’une nature envahissante. Le film s'inspire des lotissements construits au milieu de nulle part en Irlande et laissés inachevés suite à la récession en 2008. Les propriétaires se sont retrouvés avec des maisons à moitié terminées et dont ils devaient rembourser l'emprunt. Quant à Defaced, il met en scène un personnage qui tente de s’échapper d’une affiche publicitaire pour une banque dont le slogan est « Réussissez votre vie : Faites un emprunt » pour rejoindre une fille dessinée au pochoir sur le mur d’en face.


Dans Vivarium, c'est une véritable descente aux enfers que vit ce charmant couple de trentenaires, sans enfants, à la recherche de leur première maison, qui tombent dans le piège de Martin et ses acolytes.


La force du film tient à son décor et à son scénario qui font penser à The Truman Show, à l’interprétation de ses acteurs (Imogen Poots et Jesse Eseinberg), et à sa BO qui nous plonge encore plus dans une atmosphère angoissante.


Le personnage de l'enfant qui grandit à vitesse grand V est aussi brillamment inventé et interprété. Telle une sorte de machine à visage humain, créée pour surveiller le couple et donner un certaine sens à leur vie, est appelé "la chose" par Tom, qui à la différence de Gemma, se distancie très vite de cette créature grotesque et inquiétante et irritante, et cherche même à l’éliminer.
Les différences comportementales dans le couple sont alors assez intéressantes à observer.


La longueur de certaines scènes m'a empêchée de donner une meilleure note, de 8 par exemple, car j'ai eu quelques moments (assez brefs) d'ennui.


Cependant, j'ai trouvé que les rebondissements agréments d'effets spéciaux du dernier quart d'heure ont agréablement remonté le tout et redonné du piment à cette intrigue singulière.


Bref, au final, voici un bon film de terreur à vous recommander, qui a du fond et ne verse pas dans l"hémoglobine facile et les grosses ficelles classiques du genre.

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le 6 juil. 2020

Critique lue 522 fois

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