Ah les années 90, l’époque où quand on allait au cinéma ou qu’on achetait cette bonne vieille VHS, on en avait pour notre argent. Tous genres confondus, nous avons eu de vraies pépites. Pulp Fiction, Le roi Lion, Fight Club, Edward aux mains d’argent, Matrix, Titanic, Terminator 2 et j’en passe. Sortait en 1997, Volte face, thriller d’action réalisé par John Woo, le Sergio Leone du cinéma d’action Hong Kongais, le maitre du gun fight, qui, depuis Chasse à l’homme en 93, partait à l’assaut d’Hollywood. Il y aura du bon, il y aura du mauvais et là, avec Volte face, on s’attaque à du très lourd tant sur le plan de la mise en scène que sur le duo Travolta/Cage. Volte face c’est du bon gros thriller complexe accompagné de scènes d’action de folie. Retour sur ce petit chef d’œuvre…


Scénario époustouflant pour film époustouflant


Volte face c’est le genre de film qui doit son succès à l’interprétation de ses acteurs mais aussi à ses musiques, composées par John Powell mais qui ne sont pas sans rappeler les œuvres d’Hans Zimmer, ses scènes d’action, sa petite touche d’humour très second degré et son scénario. On est bien loin des films Hollywoodien ultra clichés. Ici, tout est authentique. Scénario original digne d’un film de science fiction, quelle idée ingénieuse que de voir le spectateur oublier les personnages qu’il suivait au début du film pour voir leurs rôles s’échanger. On adorait Travolta et détestait Cage pour, 40minutes plus tard, changer la donne. On joue les girouettes, se mettant à s’attacher à un Cage mélancolique, triste et touchant puis détester un Travolta perfide au possible. On sait qui est qui, ce n’est pas un souci. Le souci c’est que c’est déroutant sur le plan physique. Le bien devient mal et le mal devient bien. Je rappelle qu’au début, Travolta est sérieux donnant l’impression qu’il a un peu un balai dans le popotin et Cage est un fou furieux psychotique. Et c’est justement ce qui est l’un des éléments les plus intéressants. Incroyable performance des très impliqués Travolta et Cage qui depuis quelques années, sont tombé dans les oubliettes en voyant leurs films bas de gamme sortir directement en bluray et dvd.


L’affrontement entre nos deux personnages nous tient en haleine du début jusqu’à la fin, les parallèles entre ce que les deux vivent est réussis, tout comme les musiques frôlant la perfection et la mise en scène. Pour parfaire le tout, John Woo oblige, on nous offre, pour le peu qu’il y en a, des scènes d’action avec des chorégraphies maitrisées et des fusillades de folie assez violente bien que parfois suggérées. L’usage d’effets de ralentis y sera tout particulièrement important permettant d’apporter du style aux séquences d’action avec au passage, pas mal d’acrobaties. Pas d’effets spéciaux, juste des effets pyrotechniques de folie, des cascades orchestrées par des doublures cascades remarquées mais remarquables. Une beauté sidérante accompagnée par ses morceaux de bravoure et ses moments symboliques. John Woo et ses séquences incluant des colombes. Colombes là pour nous montrer que le règlement de compte entre nos deux héros sera décisif. Il n’en restera à la fin plus qu’un (oui, comme Highlander). Les colombes, vous les retrouverez dans tous les films du réalisateur. C’est simple, c’est sa carte de visite. Vous pensiez voir un banal film d’action très esthétique ? Erreur, John Woo ne compte pas vous assommer de scènes d’action spectaculaire juste pour vous éblouir et vous laissé scotcher devant votre écran.


Duel physique et psychologique


Avant d’être un thriller d’action survolté, Volte face veut avant tout provoquer chez le spectateur des émotions sincères. Et l’émotion, on l’a ressentira dès les premières secondes lorsque l’on arrachera l’enfant d’un père de famille aimant. Une vraie tragédie qui s’abattra sur le héros de notre film. La musique dramatique accompagnée de chœur, l’image passant en noir et blanc, le choc se lisant sur le visage de notre héros, une séquence d’une totale réussite. Rien de pire pour un parent que de perdre son enfant et de ce coté là, John Woo a su retranscrire à l’écran toute la dureté de la chose. Notre héros, Sean Archer, est en plein deuil et n’arrive pas à surmonter la mort de son fils, même des années plus tard. Il a développé une véritable obsession pour l’homme qui a brisé sa vie et compte bien lui faire payer. A l’issue de la première grosse scène d’action du film, Sean réussit à mettre hors d’état de nuire Castor. La traque qu’il avait préparée depuis des années prend enfin fin. Cette arrestation aurait dû libérer notre héros. Ce ne sera pas le cas.


Sean apprend qu’avant l’arrestation, Castor avait programmé une bombe chimique déposée quelque part dans Los Angeles. L’inévitable, le pire de ces cauchemars prend réalité : il va devoir se faire passer pour son némésis en entrant dans sa peau. Pour cela, il aura recourt à une opération chirurgicale digne d’un film de science fiction. Le mélange entre réalisme et technologie futuriste est charmant. Mettons le coté irréel d’une telle opération (un peu dégueu soit dit en passant): échanger la peau des visages de deux personnes. Bien que les greffes de visages soient aujourd’hui possible, il est impossible pour des personnages à la physiologie de Travolta et Cage de subir une telle opération. Ils n’ont pas du tout la même forme de crane et ne parlons même pas du temps de cicatrisation. Sitôt l’opération terminée, Sean doit DEJA partir en mission. Tu m’étonnes qu’il est du mal à s’adapter à un tel changement. Comme d’un fait exprès, ce changement d’identité va permettre au personnage de se reconstruire, perdre ce sentiment de culpabilité qui le ronge intérieurement et détruit sa vie depuis la mort de son fils.


Nouveau procédé pour éviter les séances chez le psy ?


Une telle opération ne sera pas sans séquelles et aura des lourdes de conséquences pour lui et son entourage. Là John Woo frappe fort sur le plan psychologique. Entre le visage qui tire, s’approprier la vie de quelqu’un d’autre et côtoyer ses connaissances, perdre tous ses repères, voir son reflet dans un miroir et en finir par ne plus savoir qui l’on est vraiment, c’est à en devenir schizophrène. Et si le réalisateur jouait justement sur cette ambigüité pour brouiller le spectateur par moments ? N’oublions pas pour autant l’entourage du personnage qui va en pâtir. Tout le monde se laisse berner par la supercherie mais le comportement lui ne trompe pas.


Volte face c’est aussi des thématiques très intéressantes :
• La perte de l’identité,
• La dualité entre le bien et le mal,
• La rédemption,
• La culpabilité,
• La famille,
• La vie de couple après la perte d’un enfant,
• Le deuil.
Que dire aussi du plan représentant la symbolique de notre film ? La dualité entre le bien et le mal, le pur et l’impur. Dans ce plan culte, nous voyons nos deux ennemis juré se retrouver dos à dos contre un miroir avant de se rendre compte qu’aucune issue que celle de l’affrontement n’est possible. Deux personnages qui n’ont donc plus le même visage. Seul leur âme, leur moi profond permet de savoir qui est qui. Si avec une réplique comme « Si tu es Sean Archer, alors je dois être Castor Troy » n’est pas énigmatique, je ne sais pas ce qu’il vous faut.


Jeu d’acteur exceptionnel


La réussite du film ne viendra pas que sur ce plan là, elle sera aussi du coté des acteurs eux-mêmes qui devront se réapproprier le rôle de leur personnage. Travolta reprend le rôle de Cage et inversement. Comme si ça ne suffisait pas, le vrai Castor Troy se réveille pile au moment où Sean allait savoir où se trouvait la bombe chimique. C’est là que la donne change totalement lorsque Castor, choqué par ce qui lui est arrivé, décide de se venger et prend le visage et la vie de Sean Archer. Volte face va alors jouer avec nos nerfs. Castor devenu Sean prend donc la place du gentil dont il se mettra à en détruire son image et par la même occasion, transformer son rôle de tueur psychopathe en devenant un héros national. Le vrai Sean doit impérativement trouver un moyen de sortir de prison et à nouveau arrêter Castor pour retrouver sa propre identité.


On n’oubliera pas pour autant Joan Ellen qui interprète la femme de Sean. Imaginez le choc psychologique quand elle apprendra que son mari devenu un peu trop « extraverti » n’est pas son mari ? Volte face c’est aussi l’occasion de découvrir la première apparition de certains acteurs maintenant connus du petit comme du grand écran comme Thomas Jane (Le punisher) ou bien James Denton (Desperate Housewives). Il faut bien commencer quelque part et bien souvent, on commence toujours par le pire. Ce n’est pas le cas pour nos deux acteurs. Pour le reste du cast, pas mal de rôle secondaires intéressants comme Jamie (Dominique Swain), la fille rebelle de Sean Archer, Victor Lazarro, son supérieur hiérarchique incarné par Harve Presnell ou bien encore la fiancée de Castor Troy, Sasha (Gina Gershon) dont le terroriste a eu avec elle un enfant dont il ignore l’existence. Toute cette galerie de personnages pour vous prouver que tout ne se joue pas que sur la performance impressionnante de Travolta et Cage.


Au final, réussite totale pour Volte face. Scénario riche, mise en scène démentielle, jeu d’acteurs brillant, musiques géniales, scènes d’action à couper le souffle, thèmes parfaitement exploités, une grosse touche d’émotion, l’un des meilleurs films d’action de tout les temps.

Jay77
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le 15 août 2016

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