1997. Après deux films au succès croissant sur le territoire US, Chasse à l’homme avec notre JCVD coupe mulet et Broken arrow proposant un Travolta dégreasé, le maître du gunfight made in Hong gong John Woo recharge sa caméra pour proposer un thriller d’action sur fond de terrorisme, de pigeons aux ralentis et de visages amovibles.



Ouverture. Sur un carrousel, Sean Archer tourne en rond avec son fiston. Au loin, Castor Troy terroriste, attend l’instant critique pour décocher la balle fatidique. Pan ! Papa est touché au corps et son fils meurt. Au lieu de se réfugier dans l’alcool, Sean se réfugie dans le goulot de la vengeance. Basique, simple, mais efficace et les enjeux sont posés.



Dès l’entame du film, on voit surgir les gimmicks qui ont contribué à la réputation de John Woo : les ralentis, l’esthétisation de la violence, l’iconisation des protagonistes. Rapidement on comprend la finalité de cet anti buddy movie. A l’instar d’un Highlander, à la fin, il n’en restera qu’un. John Travolta et Nicolas Cage offrent chacun une excellente performance dans ce pur produit des 90’s. Il y a de l’outrance dans leurs jeux et le cabotinage n’est jamais vraiment loin. Normal me dirons les plus anciens, le personnage de Cage a un frêre qui se nomme Pollux… La bonne idée est d’avoir, grâce au twist du film, inversé les rôles et donné à Cage l’interprétation la moins excentrique. Les 20 premières minutes sont épuisantes tant il surjoue et rendent Castor extatique sur chaque plan. Au contraire, lorsque Travolta endosse le rôle du terroriste, il arrive à apporter de la dérision et du flegme là où Cage ne transmettait que puissance et chaos. Le casting reste cohérent sur les autres rôle, Joan Allen en épouse élégante sort du lot avec un rôle plus étoffé.



Si le film peine à emballer le spectateur dans ces premières scènes, la faute à rythme mollasson et un concept chirurgical de greffe de visage qui met à mal notre suspension consentie d’incrédulité, l’intérêt décolle vraiment une fois Cage en prison. Le jeu des acteurs liés à des dialogues malins et des situations calibrées mais stimulantes, propulsent le film sur un rail de roller coaster jusqu’à se conclusion. Voir Sean Archer collaborer avec les criminels qu’il a malmené par le passé pour espérer protéger sa famille et retrouver sa vie et son visage en parallèle de Castor Troy réduit à freiner ses humeurs explosives pour offrir un rôle de père acceptable est une franche réussite. Travolta et Cage oscillent entre comédie et drame et toutes les scènes de ce segment du film réussissent à impliquer le spectateur. Bien sûr, on échappe pas à plusieurs incohérences scénaristiques mais quand on voit sur quelle prouesse médicale le film est bâti, on est prêt à beaucoup accepter.


Étonnement, c’est sur la partie réalisation que Volte Face s’efface. Malgré l’expérience acquise en Asie, John Woo est contraint de composer avec des collaborateurs américains. Si Travolta et Cage assurent l’aspect acting, ils n’ont pas le pedigree d’un Chow Yun Fat pour les scènes d’action ni Christian Wagner au montage n’arrive à rivaliser avec le travail méticuleux d’un David Wu. La moindre scène d’action étant confiée aux bons soins des cascadeurs, il faut penser la mise en scène en conséquence. Les plans sont majoritairement maladroits et nuisent avec le montage approximatif à rendre l’action peu lisible. Pire, la surutilisation des doublures et les difficultés à les dissimuler font sortir le spectateur du film à de nombreuses reprises. Ajoutons à ce bilan un nombre de faux raccords plus élevé que la moyenne dans ce type de production et nous aboutissons à une œuvre dont on a peine à croire qu’elle porte le seau de John Woo tant elle s’éloigne sur le plan technique des canons habituels du cinéaste.


Malgré ce constat mitigé, le film n’est pas désagréable à suivre. Le jeu du chat et de la souris entre Travolta et Cage installe Volte Face dans une bonne dynamique et les moments de tensions sont nombreux et filmés avec soin. Le final pourra paraître too much mais reste en accord avec l’architecture très 90’s du métrage. Avec le recul, probablement la moins mauvaise expérience proposée par John Woo sur le sol US.

Alyson_Jensen
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le 24 juin 2022

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