Vorace
7.2
Vorace

Film de Antonia Bird (1999)

Le film est particulier, alors je vais faire une critique assez particulière, pour ne pas dire une fable informative.

On sent de suite que "Vorace" n'est pas dans un film d'horreur comme les autres. Le jeu, les costumes, le décor élèvent le niveau jusqu'à rendre une intrigue plus dense et très cohérente. Malgré tout le montage crée un décalage avec la nature et les intentions de l'histoire. Même l'humour noir au compte-goutte ne paraît pas trouver sa place et rend le tout un peu dissocié dans un domaine où le genre est très important.

Je me suis renseigné sur Wiki de manière assez large. Sur l'article de "Vorace", on apprend que la Fox et Heyday Films (pour qui c'était la première production) ont employé une certaine Laura Ziskin pour faire le lien entre les productions et le réalisateur. Le premier réalisateur a démissionné devant le zèle de Ziskin. Du coup, les productions proposent une réalisatrice médiocre et qui a fait deux films plutôt pour adolescent. Les acteurs n'en veulent évidemment pas (il y a de quoi s'énerver). Dans la débâcle, à l'image de l'armée dans le film, Carlyle propose une amie réalisatrice pour laquelle il a travaillé sur "Prêtre" : Antonia Bird... qui n'est pas très spécialisée dans ces films-là (la production veut un truc calibré et horrifique... (faut pas employer des types comme Carlyle alors !)) On apprend que Bird aurait souhaité un autre montage (et donc un impact sur la mise en scène !!) En même temps, ça ne se refuse pas d'arriver en héros sauveur sur un tournage !

Le film a été un échec commercial. Ziskin a démissionné pour signer chez Columbia et travaillera sur tous les Spiderman avant de mourir. Heyday Films qui, normalement aurait du pâtir de cet échec cuisant et de la dichotomie artistique qui se ressent dans le film, trouvera la richesse et la prospérité (avec on ne sait quel argent) avec la saga Harry Potter. Oui, c'est bien à une direction bicéphale auquel on a le droit dans ce film.

Conclusion : je crois qu'on peut écarter la responsabilité de la réalisatrice Bird - entre parenthèses, elle connaît son seul "succès" avec ce film qui, malgré la critique, connaît une certaine notoriété avec le temps. D'ailleurs, sa considération pour le film est tout autre que celle de sa production. Pour Bird, "Vorace" est "une allégorie sur l'état actuel du monde." C'est intéressant mais un peu abusif (trop de plantes médicinales amérindiennes peut-être ?)

On apprend aussi toute l'importance du montage. Il peut sauver ou dénaturer le potentiel d'une oeuvre pour celles et ceux qui en doutaient.

Il n'y a pas à dire : le cinéma est un drôle de monde où la dictature de l'argent fait sa loi sans en subir les revers (bien au contraire !). Est-ce que l'ethnie de Zinski et de Heyday Films joue un rôle prépondérant dans cet ordre des choses ? : sans nul doute mais ce n'est pas un critère prépondérant ni un point de dénonciation.
Andy-Capet
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le 11 avr. 2013

Modifiée

le 11 avr. 2013

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Andy Capet

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