Un film déchirant, aussi déprimant que surprenant sur la fin de vie et son inéluctable déchéance...

Le retour de Gaspar Noé (Irréversible, Enter the Void...) après Climax et Lux Aeterna au style néon assumé. Ici, le réalisateur revient sur grand écran avec un film plus posé dans sa forme, mais toujours aussi intense dans ses thématiques. Alors que vaut le très attendu "Vortex", aperçu au Festival de Cannes ?

Ici, le réalisateur nous livre certainement son film le plus mature. "Vortex" est une œuvre déchirante, voire déprimante dont le visionnage ne peut pas vous laisser indifférent. Nous sommes, dans la thématique, dans le registre de Noé, sur un sujet cruel : la fin de vie, la mort. Un sujet déjà abordé par le réalisateur, mais c'est surtout la forme qui surprend ici, et que nous matraque sur ce métrage !

Visuellement donc, le film ose un pari fou ! De par son ouverture, comme une bulle hors du temps qui s'ouvre sur ce couple âgé que nous allons suivre, qui vit un instant de bonheur et qui contemple l'horizon, le couple contemple la fin de leur bonheur ou l'arrivée de la fin inéluctable ? Le film apportera la réponse ! Dans un dispositif visuel bien plus minimaliste qu'à son habitude, Gaspar Noé laisse de côté les effets épileptiques pour se concentrer sur son sujet et sur l'emprisonnement de ses personnages. Bien plus posé dans son cadre, le film prend tout de même un pari énorme, scinder l'écran en deux pour séparer le couple en deux vignettes distinctes et nous montrant leur point de vue en simultané. Le pari serait osé sur une séquence, et le faire tenir sur 2h20 de film est un tour de force ! Un film qui surprend de par ses cadres posés, mais qui nous saisit avec un réalisme déprimant le délitement du couple, pris dans un vortex infernal, celui de la fin de la vie et de l'attente de la mort.

Le film est également porté par un trio d'acteurs déchirants. Entre le réalisateur Italien, Dario Argento (le maître du Giallo) qui joue un mari impuissant face à ce qui se passe, à la fois aimant et las, mais qui s'avère aussi fragile, et l'actrice Françoise Lebrun, qui nous déchire en étant cette femme qui perd toutes notions, du temps, de l'espace, des autres... Jusqu'à cette scène où la femme, dans un dernier moment de conscience, s'excuse auprès de son mari et de son fils, une scène poignante et cruelle. Ce duo nous envoie toute cette détresse, cette attente de la mort... Alex Lutz n'est pas en reste non plus, bien que moins présent à l'écran, son rôle de l'enfant qui est spectateur de ce funeste numéro, incapable de faire quoi que ce soit, nous donne un troisième point émouvant.

Malgré le sujet du film qui n'est jamais facile à aborder au cinéma, ou soit en tombant dans la complaisance ou en voulant atténuer la gravité de la situation au travers de la comédie. Le film ici en dévoile, avec beaucoup de vérité, toute la cruauté, la tristesse latente d'une telle situation. Tant pour la femme qui prend conscience par moments de sa déchéance, pour le mari impuissant et enfermé, et l'enfant, désemparé. Sans détour, le film nous montre tout de manière froide. Et malgré un début qui semble long, il semble tout de même nécessaire pour nous plonger dans le même état que ces personnages.

En conclusion, "Vortex" est un film bouleversant, qu'il faut voir. Certainement le film le plus poignant de son réalisateur, comme son plus mature à aujourd'hui. Une virée déprimante et émouvante sur une étape de vie que nous redoutons tous, mais qui est inéluctable : les derniers longs jours d'une vie.