Itinéraire d'un enfant gâté (dans une politique guidée par un peuple bien naif).

Ce qui est dingue dans ce film, c'est son éloignement vis-à-vis de la réalité qui le rend presque anecdotique, et ça c'est un truc à éviter à tout prix quand on fait un film politique. Un optimisme malmené s'en dégage. Robert Redford (très bon ceci dit) incarne un avocat qui se tourne vers les élections sénatoriales pour le "fun", pour de la pub. Il raconte de belles choses aux citoyens, même si il n'a aucune notion d'économie. Il ment mais il finit par croire ce qu'il fait. En face de lui, un politicien d'expérience, excellent orateur, qui est au service de son pays depuis deux décennies au minimum, on ne sait pas si il est fourbe ou honnête, mais il sait ce qu'il fait, et avec sagesse. Redford "McKay" raconte de la merde, des projets qui ne devraient attirer personne tellement c'est d'une naiveté enfantine. Mais les filles l'aiment bien, c'est une gueule d'ange, c'est un jeune dynamique. Et l'ascension de ce bonhomme, qui devrait être une véritable tragédie du point de vue de son adversaire, est filmée avec bonheur, avec admiration. Le film perd tout son intérêt, ce n'est pas un film politique, et on sait dès les premières minutes qui sera élu (ben le beau gosse). Et la dernière réplique, où McKay, élu, bien emmerdé, demande à son conseiller "que fait-on maintenant" ne suffit pas à faire naitre un peu de réalisme. Une minute de cynisme dans un film d'1h40 d'euphorie naive sur un sujet politique ne suffit pas. Et pourtant le film se suit non sans déplaisir, et assez intéressant même si totalement à côté de la réalité, car il rappelle que ce genre de trucs burlesque est arrivé, et très récemment en plus.