Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

Alexandre P. Kirby est un homme d'affaire ambitieux. Il souhaite installer une usine dans un quartier résidentiel de la ville de New-York. Seulement, pour cela il doit exproprier la plupart des familles qui y résident. Après avoir fait déménager plusieurs ménages, il se heurte à l'opposition de Martin Vanderhof qui refuse de vendre sa maison à l'homme d'affaire. Dans le même temps, le fils Kirby, jeune homme timide mais à l'idéalisme affirmé, envisage d'épouser Alice Sycamore, la petite fille de Martin Vanderhof et ce malgré les différents sociaux et moraux qui peuvent exister entre les deux familles…


Deux ans après Mr Deeds goes to town, Capra revient avec une nouvelle satire sociale. Pour réaliser You can't take it with you Capra s'inspire d'une pièce de théâtre du même nom, écrite par Kaufman et Hart. Il trouve dans cette pièce, la possibilité d'exploiter le thème "Aime ton prochain" de façon dramatique et vivante. Cependant, avec le soutien de son ami et scénariste fétiche Robert Riskin, ils n'hésitent pas à réécrire en partie l'histoire. Les deux compères réduisent l'importance de l'histoire d'amour qui se joue entre le fils Kirby et Miss Sycamore pour se concentrer sur le conflit philosophique qui oppose l'agneau (le grand-père Vanderhof) au lion indomptable (Kirby senior), en en faisant le point principal du récit.
Cette liberté prise dans la réécriture permet à Capra d'aborder avec plus de profondeur que dans la pièce de théâtre, l'histoire et la personnalité des deux hommes qui s'opposent. Les deux pierres angulaires du film tournant autour d'un homme sentimental et farfelu et d'un autre calculateur et grave. Il s'agit pour Capra de situer et de différencier les deux individus socialement. Le film fourmille de détails implicites qui permettent au spectateur de se faire une idée des deux mondes qui sont représentés. On remarque par exemple que Lionel Barrymore (le grand-père Vanderhof) est placé dans un environnement en perpétuel mouvement, alors que lui reste statique et massif. A l'inverse, Edward Arnold (Kirby senior) est filmé en mouvement, imposant une stature tout aussi massive, mais reflétant l'image d'un homme qui avance dans une société extrêmement rigide et ordonnée. C'est à partir d'exemples comme celui-ci que l'on mesure l'essence même des deux mondes qui s'opposent.
Les caractères respectifs des deux protagonistes permettent aussi de dissocier les deux mondes l'un de l'autre. Le premier étant un homme sociable, souriant, qui s'intéresse aux émotions des individus avec lesquels il est amené à communiquer, alors que le second paraît froid, autoritaire, donnant des ordres à ses subordonnés. L'un est entouré d'amis tout le long du film, pendant que l'autre est soit représenté seul soit accompagné de ses collaborateurs qui marchent constamment derrière lui.
Si Capra se concentre sur l'opposition entre deux mondes, il n'en reste pas moins qu'il exprime aussi certaines idées critiques de sa vision des Etats-Unis des années 30. Un ancien universitaire comme Monsieur Vanderhof est un personnage idéal pour dénoncer le décalage qui existe entre les idéaux démocratiques que prônaient les pères fondateurs et la logique du comportement individualiste qui prédomine dans le pays à cette époque. Capra n'hésitera pas d'ailleurs à réutiliser cet exemple un an plus tard avec le personnage de James Stewart dans Monsieur Smith goes to Washington.

dude021
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le 27 mars 2015

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