Après un préambule très prometteur, l'histoire part en slalom géant free style et, à la fin, je ne sais pas quel film je viens de voir exactement. Reprenons : une jeune fille est gravement blessée dans l'une de ces célébrations du vivre-ensemble à l'américaine qu'on appelle mass shootings, une spécialité du monde éducatif étasunien qui fait vraiment envie, je ne comprends même pas que Blanquer n'ait pas encore sauté sur l'innovation. Bref, il nous décevra décidément en tout. Toujours est-il que ça partait bien : on est pris par surprise dès le début, faussement rassuré par une voix off qui fait penser à Benjamin Button mais qui tire plutôt vers l'Avocat du diable, je ne peux pas dire pourquoi sans gâcher le plaisir à tout le monde. Le film avait là toute mon attention. D'autant que la jeune actrice s'y entend en gestion émotionnelle discrète mais imparable. On nous montre sa relation avec sa sœur, leur amour de la musique et leur ascension fulgurante, grâce au contexte criminel, curieusement. D'ailleurs, le terrorisme servira d'unité de mesure du temps dans l'intrigue. C'est bien, ça, original, dynamique, fertile... sauf que dans la deuxième partie du film, quand Nathalie Portman prend le relai, c'est pour un numéro d'actrice horripilantissime, qui semble avoir bluffé certains critiques mais m'a juste mise mal à l'aise. Pas à cause de la dégringolade de son personnage, un classique dans l'histoire des ascensions stratosphériques, mais à cause de sa manière à elle de surjouer le truc, un œil sur un potentiel Oscar et l'autre occupé à se rendre aussi vitreux que possible pour qu'on comprenne bien les ravages de certaines addictions fréquentes dans le monde du spectacle. Et là, impossible de ne pas jouer le jeu des 7 erreurs avec d'autres films qui labouraient avec plus de classe le même sillon. Je ne me lance pas dans l'énumération, mais celui-ci sort presque toujours perdant de ces comparaisons. Quand on m'a enfin dispensée de recevoir en pleine face des sorties incohérentes balancées avec le débit d'Eddie Murphy, on est passé à pire : une interminable scène de concert qui clôt l'affaire dans des explosions de laser et des avalanches de paillettes. Les chorégraphies m'ont semblé tout bonnement ridicules, les chansons franchement nazes, la voix sortie de Rue Sésame, pour ne rien dire du maquillage, de la tenue de scène et de l'application désincarnée d'une interprète au bord de l'asphyxie. Je manque peut-être d'indulgence, mais le traumatisme est encore frais, il faut m'excuser; d'autant que, depuis, je cherche sincèrement (et vainement) à comprendre l'apport de la réflexion sur le terrorisme dans tout ça. Je sèche. Je vais aller lire les critiques des copains pour essayer de voir le rapport avec la choucroute. Pour l'instant, en attendant la révélation, je suis tentée de dire que l'exercice était un peu vain.

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le 22 nov. 2020

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