Le film est décevant par rapport au roman d'Eric Ambler dont il est issu. Dans ce dernier le sentiment d'oppression qui saisit Howard, dès le début, est omniprésent jusqu'à la fin. Les différents protagonistes sont troubles, y compris dans leurs intentions. La peur est là. Malheureusement, le film et bien en deçà. Réalisé sans doute avec des moyens modestes, tout sent le studio et le factice, sauf la fin sous la pluie, cependant trop prévisible et peu réaliste. Joseph Cotten est inexpressif et Orson Welles en chef des services secrets turcs n'y est pas à son apogée. Dolores Del Rio est une belle héroïne de film noir mais n'est guère avantagée par la partition que lui ont laissée les scénaristes (dont Cotten lui-même) : l'esquisse d'une liaison adultère inacceptable au cinéma pour l'époque. Mieux vaut lire ou relire cet excellent auteur qu'est Ambler.