Point d’émotion si ce n’est dans le dernier quart d’heure. Le film semble de prime abord, rébarbatif. Cependant l’on va comprendre pourquoi au fil du film. Père et fille ont beaucoup de mal à se comprendre. Le père veut oublier un passé douloureux. La fille a besoin, surtout après la disparition de sa mère, de fouiller ce passé enfoui, pour avancer et se (re)construire. Tellement vrai ici, savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. Arrivés en Pologne, père et fille constatent que la maison familiale est occupée par un couple peu scrupuleux et soucieux de la transmission familiale. La fille ira jusqu’à racheter à ce couple des objets et autres ayant appartenu à ses grands-parents paternels. Le passage à Auschwitz est nécessaire pour la fille, accompagnée par un père qui n’a nullement besoin de guide touristique et retrouve la trace de son passé douloureux, même si l’odeur du camp a disparu. Le voyage s’avère difficile. Le père préférerait que sa fille de 36 ans se consacre à fonder une famille plutôt que chercher à décortiquer ses racines. « L’on craint d’être aimée, lorsqu’on ne l’a pas été », « Lui as-tu dit lorsqu’elle était petite? », souffle une amie au père. Si le film est âpre et ardu, sur la fin, le père va enfin comprendre ce dont a besoin sa fille et lui révélera un « secret familial » qu’il avait tu jusqu’à présent. Il porte le manteau de son père pour elle, qui a dû le racheter au couple peu scrupuleux. Il va lui faire un joli cadeau avant son retour à New-York, en dépassant sa peur face à un lourd passé enfoui.