Voyage vers Agartha
6.7
Voyage vers Agartha

Long-métrage d'animation de Makoto Shinkai (2011)

Dès la bande annonce, le spectateur se laisse emporter par la fluidité de l’animation et la beauté des décors. Le film est fidèle à cette promesse. On ne compte pas les sublimes décors, des montagnes, des ruines sous-marines, des vastes prairies, des puits sans fond… L’animation quant à elle ne connait pas de lenteurs contemplatives (qui lassent si souvent), et présente une qualité bienvenue, surtout en termes de fluidité, dans ce genre de récit.

Makoto Shinkai est parfois appelé « le nouveau Miyazaki », il est en effet considéré comme un réalisateur très prometteur. Cependant, ses films et ceux de Miyazaki ne s’étaient jamais autant approchés. Si tous deux privilégient le thème de l’enfance, Shinkai traitait plus de la séparation et de la douleur tandis que Miyazaki présente plus le passage à l’âge adulte et la définition de soi. Mais ici, Shinkai se rapproche de Miyazaki puisque ses personnages partent dans une quête initiatique, à la fois pour se trouver eux-mêmes et trouver leur place dans ce monde, mais aussi pour apprendre à dire adieu.

De même, on retrouve beaucoup d’éléments qui font penser aux films du studio Ghibli. Des cristaux bleus semblables à ceux du Château dans le ciel, au jeune héros qui ressemble fort à son camarade des Contes de Terremer, en passant pas les créatures étranges qui peuplent l’autre monde. Celles-ci sont en fait des dieux, aux allures d’animaux plus ou moins mutants : il y a le chat-tout-mignon-comme-un-pokémon qui accompagne l’héroïne, mais aussi des plus imposants, qui peuvent rappeler le bestiaire de Mononoké ou de Chihiro (surtout les ombres noires mangeuses de sangs-mêlés). D’un autre côté, le folklore japonais est suffisamment peuplé d’esprits et de dieux pour qu’il n’y ait pas ici à crier au loup, ou à l’inspiration trop poussée. Au contraire, ces similitudes sont pour moi la preuve de la présence de bons éléments dans Children Who Chase Lost Voices.

Côté scénario, ça démarre classiquement. Une jeune fille se retrouve impliquée dans une histoire qui la dépasse, mais à laquelle elle est liée de plusieurs façons sans la savoir. Le problème, c’est que le scénario s’étoffe au fur et à mesure des rencontres entre les personnages d’intrigues secondaires, de nouveaux questionnements. Enfin, ce ne serait pas un problème si toutes ces intrigues étaient résolues, et si touts ces questionnements obtenaient une réponse. Mais des personnages secondaires apparaissent et disparaissent sans que l’on en sache plus sur eux ou leurs motivations. On s’interroge sur les origines réelles d’Asuna, sans obtenir de réponse explicite. L’avenir de ces dieux et de leur monde est un élément clef de l’intrigue, et il est finalement traduit pas des indications évasives. Quant aux devenir des personnages principaux, si on en a un aperçu dans l’ending, il m’a fait formuler de nouvelles questions qui n’auront jamais de réponses.

Sans compter ces petits détours scénaristiques, ce film est un récit d’aventure initiatique très poétique. Les questionnements mis en avant sur l’avenir des dieux, du monde, de la société, des humains… peuvent s’appliquer à nos sociétés. C’est pourquoi, j’imagine, on veut nous aussi que ces jeunes héros aillent au bout de leur voyage, pour peut être y trouver une solution. Les visuels sont un véritable enchantement, et le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer entre les scènes d’actions et les doutes et espérances des personnages. Ma scène favorite, si vous avez l’occasion de voir le film, c’est quand Asuna et les autres font la course avec le soleil dans des ruines, pour échapper aux créatures qui naissent de l’ombre. D’ailleurs lorsqu’Asuna saute d’une ruine à l’autre, ça a un petit air de Makoto dans La traversée du temps (voir la maquette du DVD).
LalieBulle
8
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le 27 janv. 2013

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LalieBulle

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