Difficile de reconnaître qu'un des réalisateurs de mon enfance, a fait des films moyens. Et pourtant, Wall Street en est. Trop de choses ne vont pas dans ce film, qui aurait pu traverser les décennies pour devenir un "classique".
A commencer par le jeu des acteurs. Si on omet la performance assez classique de Micheal Douglas qui fait du Michael Douglas, dans un Gecko vicelard et froid, rien n'est à sauvé auprès des autres rôles. Charlie Sheen n'est pas crédible, ni dans son ascension et encore moins dans sa chute. Il ne semble pas comprendre dans quoi il est embarqué. Son père, Martin, radote mais ne laisse passer aucune émotion dans son rapport père-fils. Difficile enfin, d'apprécier le jeu maladroit, sans charme de Darryl Hannah. C'est d'ailleurs sans surprise, qu'on apprend dans les commentaires d'Oliver Stone sur les scènes coupées, "qu'elle n'aimait pas son personnage et qu'elle était mal à l'aise de jouer une poule new yorkaise & avide". Oliver en étant conscient et cela transparait à l'écran. Là, et la première grosse erreur du réalisateur de ce film : son casting bien trop faible pour un film qui se veut être un film ou des hommes se torchent le fion avec la vie d'autres hommes, tout en brulant des billets.
2eme problème ? Son scénario et son écriture... Oliver Stone, qui dédia le film à son père qui était dans la finance, ne prend pas la peine de nous expliquer ce monde et ses engrenages. Il nous jette à la gueule le jargon de cet univers, comme un banquier qui vous demande de signer 45 pages pour ouvrir un livret A. Il le résume, pour nous autres simples épargnants, à des hommes qui veulent de l'argent et du pouvoir sur le dos de femmes et d'hommes qui construisent l'Amérique. Mais cela ne fonctionne pas non plus... on subit des scènes, sans raccords, avec des ellipses grossières, sans même comprendre la réaction des caractères principaux. C'est en regardant les scènes coupées, par exemple, que j'ai compris pourquoi Charlie Sheen abordait Darryl Hannah avec autant d'aisance, alors qu'il se trouvait chez Gecko, dans un milieu qui l'intimidait 5s avant. En fait, Oliver Stone avait tournait un long (et couteux d'après ses dires) plan avec elle dans un bar New Yorkais, qui expliquait leur 1ere rencontre (ou d'ailleurs, elle jouait toujours aussi mal). En tant que spectateur, on ne tremble jamais pour Charlie Sheen, puisqu'on ne comprend à peine lorsqu'il franchit la ligne jaune.
Enfin, la réalisation paresseuse et symbolique comme une paire de 46 dans le séant, finit de nous écarter du film. Il n'y a pas de grand moment de réalisation, tout est beaucoup trop "planplan", même dans Wall Street, putain, j'aurais aimé de la frénésie et du génie, pour exprimer l'euphorie de ce monde qui va à 100 à l'heure. Oliver Stone essaye d'utiliser la lumière et l'ombre à certains moments, pour nous faire comprendre ce que l'on savait avant même que la scène arrive. Et ce genre de détail facile, il en raffole. Rien que l'évolution de la coiffure de Charlie Sheen, libre quand il est un "humain innocent" puis plaqué quand il devient un "être corrompu", puis à nouveau libre quand il cherche la rédemption, est une ficelle bien trop grossière pour qu'on pardonne à Oliver Stone de construire son film sur ce genre de facilité. Bref, paresseux !
Bref, du mauvais Stone, pour un film moyen. A voir pour McGinley, qui est toujours aussi génial ! Et a revoir, si comme moi, vous avez adoré ce film, étant adolescent.