Scénario :
C'est Charlie Sheen qui en a marre d'être juste le fils de Martin Sheen, et qui décide de tenter sa chance en solo. Là, il tombe sous la coupe de Michael Douglas, un autre fils à papa et une star d'Hollywood déjà connue pour ses frasques, qui lui apprend les ficelles du métier et qui lui ouvre un monde de coke, de pute, et de pute qui prennent de la coke. A partir de là, Charlie commence à partir en vrille...


... Et tout ce petit monde là tourne un film sur Wall Street, dans lequel Charlie fini par devenir un bon garçon... ce qui ne fut pas le cas dans la vraie vie.


Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un genre = un film."



En tant que sujet d'étude :



Wall Street est le film que j'ai pris afin d'étudier le genre du "film de trader." Bon, c'est pas vraiment un "genre" mais la thématique de la haute finance et du marché boursier est quand même un sujet assez récurrent aux USA. Si en France le sujet intéresse peu, ( mis à part la mini-série SCALP dans les années 2000), aux USA la bourse de Wall Street et ses traders ont fait l'objet de série (la très moyenne série The Street au début des années 2000) mais aussi de films qui vont du comique Un Fauteuil pour Deux au bordélique American Psycho en passant par The Big Short jusqu'au jouissif Le Loup de Wall Street. Tous doivent à ce Wall Street une certaine filiation.


Comme souvent dans ce genre de film il y a tout un substrat compliqué : des noms, des chiffres qui passent dans tous les sens ou des opérations qu'on ne comprend pas forcément. Et une fois passé tout ça, on arrive au coeur du film qui n'a finalement rien de compliqué : il s'agit juste de l'n-ième histoire d'un mec qui devient riche par un moyen illégal mais fini par le regretter.


En fait, il s'agit plus d'un film sur l'emprise d'un pervers narcissique sur son entourage qu'autre chose : Gordon Gekko prend Bud Fox, le met sur un piédestal, le rend dépendant à lui (sa copine, son mode de vie passe par Gekko) pour mieux le lâcher en plein vol quand il n'aura pas besoin de lui.


Le pire, c'est que ça n'a rien d'étonnant, on le voit arriver à 50 plombes mais le personnage ne cesse d'être fasciné par l'espèce d'aura sociopathique du type qui semble être au sommet du monde. Et c'est tout à fait le cas : On a toujours l'impression qu'on aura à gagner à servir ce genre de types, qu'à nous "ils ne nous la ferons pas à l'envers" qu'ils sont plus intelligents et dominent le jeu alors que c'est une façade pour justement mettre tout le monde dans sa poche. (Oui oui, je parle d'expérience...) D'ailleurs à l'instar d'un Tony Montana, Gekko va être pris comme modèle par certains traders au désespoir de Michael Douglas et d'Olivier Stone au point qu'ils s'accusent d'être coupable de la crise de 2008.


On disait Michael Douglas à l'époque impossible à vivre, et mauvais acteur, mais je pense juste qu'on faisait mauvaise route en lui donnant des rôles de gentil (A la recherche du Diamant Vert) là où il excellait dans les pourris, les puissants. Face à lui, le choix de Charlie Sheen était vu à la base comme une alternative à Tom Cruise, mais si son jeu n'est pas exceptionnel, il apporte deux choses : d'une part il a cette tête à claque, ce côté un peu trop lisse qui fait qu'on a aucun doute à ce qu'il suive le pervers de service tellement il a un côté robotique. C'est finalement la fin du film qui lui rend son côté humain, notamment une scène de pleur dans un plan séquence où tu te sens un peu désolé pour le personnage tout en pensant "bah, ouais, mais c'est un peu de ta faute non ?"


De l'autre, il a son père qu'il a casté lui même, et c'est rigolo de voir les deux acteurs jouer une relation père /fils qui marche tellement bien qu'elle reflète les choix de carrière des deux acteurs : Martin Sheen dans le rôle du bon papa américain, droit dans ses bottes et défenseur des principe (et restera célèbre pour jouer durant 8 ans un président américain démocrate) et Charlie Sheen dans le rôle du fils prodigue qui va mal tourner (et qui aura une grosse vie de défoncé dont les frasques ne sont plus à faire.)


Ha et il y a John C. McGinley, le Docteur Cox de Scrubs, dans un rôle de type narcissique et un poil agaçant. Marrant. Autre trivia marrant, le film est le seul a avoir gagné un Oscar ET un Razzie Award : le premier pour l'interprétation de Michael Douglas, le second pour celle de Daryl Hannah. Mais bon, pour ce que valent ces deux récompenses.


Je m'aperçois qu'il s'agit du premier film d'Oliver Stone que je vois. Pourtant le réalisateur est célèbre, notamment par son côté "salut je viens égratigner l'image de l'amérique" que ce soit sur son engagement dans la guerre du Vietnam (Platoon) sa violence (Tueur Né) ou ses sujets politiques (Snowden, W. , Nixon.)


Et du coup, c'est intéressant de voir qu'il signait avec ce film l'un des premiers film sur la bourse américaine, avec tous les poncifs qui vont avec : les salles de marché bondées (où le cours de la bourse peut chuter ou augmenter selon les manigances du protagonistes) les plans dans lesquel on suit le protagoniste au milieu d'un bureau dans lequel des porteurs boursiers hurlent au téléphone, les bandeaux qui défilent avec le cour de la bourse.


Et puis à l'extérieur, des fêtes somptueuses, des maisons toute équipée (y compris de machine à faire automatiquement des sushis) sur laquelle on voit toute l'étendue de la ville, des gens qui ont tellement d'argent qu'ils semblent vivre dans un autre monde et qui contraste totalement avec le reste. D'ailleurs on trouve un grand nombre de plans où pendant que les personnages sont en train de boursicoter ou de parler de dépenser des milliards on trouve des gens du peuple en arrière plan : femme de ménage, laveur de carreaux, clochard qui traine dans le fond d'une rue, etc...


Après, la fin du film offre un retour à l'ordre très moral :


Le fils prodigue retourne au côté de son père et combat l'infame avare (le film devait s'appeller "Greed") au côté d'un capitaliste "propre" : une autre figure paternelle et british. (L'acteur Terence Stamp qui est littéralement l'Anglais du titre du film de Soderbergh.) La morale est sauve et moyennant finance.


C'est là qu'on voit que ce film a en quelque sorte "essuyé les platres" c'est que d'autres films ont repris le sujet et sont allés plus loin. Le côté "robotique, froid et superficiel" des traders ? American Psycho . Le fait que les traders soient des arnaqueurs qui flambent comme des connards ? Le Loup de Wall Street. S'inspirer d'un scandale pour faire un film ? The Big Short (et le Parrain III dans une moindre mesure.)


En fait, le seul film à ne pas avoir été plus loin que Wall Street, c'est sa suite Wall Street : l'argent ne dort jamais, à ce que j'en ai lu. Dommage.



Mon avis personnel :



C'est marrant mais ce film est involontairement très daté, mais pour le coup lorsqu'on critique les années 80 en parlant "des années frics" on a étrangement totalement des clichés de ce film là qui nous sautent à la gueule : les ordis avec des grosses lignes de codes en vert sur fond noir, les téléphones de la taille d'une brique qui impressionnait, le serveur en forme de la maison parfaite mais à l'aspect froid et la déco ultra-dégueu que Charlie Sheen se fait faire par le personnage joué par Daryl Hannah.


Daryl Hannah est à elle seule un produit des années 80 : l'actrice blonde avec une coiffure assez étrange et très volumineuse. Il y a un côté "involontairement encré dans son temps" qui pour le coup marche bien jusque dans la B.O. qui est.... nulle. C'est du bontempi assez moche qui sonne très mal à l'oreille et donne un aspect "téléfilm M6" a une production pourtant léché. Autre truc très "80" : les personnages sont toujours en train de faire des affaires


Rien que pour le côté "capsule temporelle" ça vaut le coup. Parce que ça nous a rappelé (j'écris cette critique début avril 2020) qu'en ce moment à New York, on est loin de tout ça : la ville est en confinement maximal et la bourse de Wall Street dévisse tous les deux jours. Après avoir vu l'ivresse des années frics, on est littéralement en train de vivre en direct sa longue gueule de bois.

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le 2 avr. 2020

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