Que reste-t-il des amérindiens aujourd'hui ? Qu'est-ce que l'appartenance à un clan, une famille, un pays ? War Pony questionne son sujet avec une pertinence et une clairvoyance qui nous font passer le message (réaliste) avec force : l'acculturation est sur le point d'être totale pour les anciennes tribus des réserves, croulant à présent sous le poids de l'American Way of Life. Malgré une mise en scène assez balourde (vous la voyez bien, la canette de Pepsi ? Attendez, on refait un gros plan avec la marque bien tournée) et des images faciles à interpréter (le bison comme totem ambulant de la culture amérindienne) qui en font un premier film un peu maladroit mais incroyablement honnête envers son engagement, une véritable coqueluche à festivals (et ils le lui rendent bien). Riley Keough (la petite-fille d'Elvis Presley, on l'a appris) et Gina Gimmell (petite-fille de sa grand-mère, c'est déjà pas mal) se sont rencontrées sur un précédent petit film de Riley et ont commencé à ébaucher le scénario de War Pony en 2015. En sept ans, elles ont modifié le script en fonction des faits divers qui pouvaient le nourrir (ainsi un Pitbull qui a été abattu pour avoir tué une poule non loin de la réserve, une histoire qui leur a pincé le cœur, et se retrouve dans leur film avec le caniche de la famille de riches propriétaires), contribuant contre leur gré à cette impression de fourre-tout du scénario, en voulant néanmoins bien faire (on ne pourra pas le leur enlever). Et pour trouver les jeunes acteurs, les deux dames ont prospecté en voiture dans les rues de la réserve, à l'heureux hasard de trouver le gamin parfait (ne faites pas ça chez vous), sauf pour l'acteur principal qu'elles ont recruté par casting classique, sans pour autant qu'aucun n'ait jamais été acteur. Et c'est cette vérité qu'on voit transparaître, ces gamins qui rejouent leur vie d'enfants de la réserve amérindienne biberonnés au Pepsi et ayant troqué les habits traditionnels contre un t-shirt du dernier basketteur de la NBA à la mode, qui sont vus comme des larbins par les riches exploitants récemment installés, qui restent (symboliquement) perdus face à une image d’Épinal de leur propre héritage (le bison)... Comme un regard encore tournée vers un passé culturel en déliquescence, lentement effrité par tout ce que l'Amérique a à vendre. Face à la boîte de conserve Campbell, le bison ne fait plus un pli.

Aude_L
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le 18 janv. 2023

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