sur terre comme sous la mer

Ce que je retiens.

Ce documentaire est un long entretien illustré par des archives, avec Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, organisation qui se consacre depuis les années 1970 à traquer et entraver la pêche illégale, et en particulier la chasse à la baleine.

Il raconte comment dans son enfance, des amis l'ont oublié attaché à un poteau alors que la marée montait, et que depuis, il n'a plus peur de la mort ; les images d'archives ne démentent pas cette affirmation. On le voit debout sur la glace avec un collègue, bloquer l'avancée d'un brise-glace, puis se retrouver trempé d'eau de l'Arctique parce qu'il s'est attaché à un lot de peaux de phoques qu'un bateau tirait pour les hisser à bord , le laissant délibérément retomber dans l'eau à plusieurs reprises.

Fugueur récidiviste, il a rapidement fui un père violent, militaire qu'avait choisi d'épouser une mère cultivée et sensible à la souffrance animale, morte enceinte à cause d'un foetus mort alors qu'il était encore enfant (Il soupçonnait les coups de son père d'en avoir été la cause).

Chacune des actions de Sea shepherd est documentée, filmée - fournissant des preuves de leur légalité devant les tribunaux où les pêcheurs illégaux les traînent régulièrement, et donnant un écho à leurs luttes, les images filmées constituant le seul moyen d'interpeller efficacement la population - c'est ainsi qu'il proposera à une chaîne "éducative" de compléter ses programmes sur les chasseurs de gros gibier, par une série documentaire sur les combats de son association. "Dans une culture de media, si vous ne l'avez pas filmé, ça n'a pas eu lieu."

*J'ai rapidement compris qu'il y a quatre éléments dans les media : sexe, scandale, violence et célébrité. Alors dans chaque campagne, nous exploitons ces éléments. L'approche de Greenpeace consistait à pendre des banderoles, prendre des photos, et observer. Je ne peux pas faire ça. Je pense qu'être témoin et ne rien faire d'autre est très lâche. Ce que nous faisons est d'aller délibérément protéger des mammifères marins. Et si ça implique une confrontation, et bien, qu'il en soit ainsi. *

Si c'est illégal, on le traque.

Je pense que c'est notre obligation morale d'empêcher ces criminels d'aller violer et piller tout leur soûl, et détruire les trésors que cette planète a pour nous tous. Vous ne descendez pas la rue, voyez une femme être violée ou un chaton être piétiné à mort, sans rien faire d'autre que pendre une banderole et prendre des photos. Et vous ne regardez pas une baleine mourir en restant là à prendre des photos. Vous devez intervenir.

Ceux qui montent sur son bateau doivent être prêts à mourir, et ils se sont placés dans des situations où ils auraient pu être écrasés par des paquebots ; mais eux-mêmes s'interdisent de mettre en danger la vie de leurs adversaires, n'allant pas au-delà de les traquer, ,de projeter des jets d'eau sur leur pont, et de s'interposer entre les harponneurs et les baleines. Bon, ils percutent également des bateaux d'une taille suffisante pour que ça ne provoque pas leur naufrage immédiat...

Dans les années 70, Watson était membre de Greenpeace. Sous l'influence de son nouveau président Pat Moore, Greenpeace a désavoué les actions de Watson contre les chasseurs de peaux de phoques (celles où l'on s'est servi de lui comme mouillette dans l'eau arctique), conduisant ce dernier à créer sa propre organisation, Sea Shepherd. Il la présente comme une association de lutte contre le braconnage, et pas une association de protestation : ils ne s'opposent qu'aux opérations illégales.

En 1979, il essayait depuis des années de convaincre Greenpeace de s'attaquer à un baleinier pirate, le Sierra. Le harponneur tirait avantage de la solidarité des baleines : lorsque l'une d'entre elles est touchée, les autres viennent l'aider à se maintenir à la surface...Et deviennent des proies faciles. Le sea shepherd éperonna le Sierra à douze noeuds de vitesse, créant une brêche qui a provoqué sa fuite précipitée, et la subséquente destruction de ses machines. Depuis, ils ont percuté de nombreux bateaux pratiquant des pêches illégales.

Grâce à l'exposition médiatique, le marché des fourrures de phoques a chuté entre 1983 et 1995 "et seules d'énormes subventions gouvernementales l'ont fait renaître au milieu des années 90. La Sea Shepherd Conservation Society a trouvé une alternative : puisque les bébés phoques perdent leurs poils en trois semaines, ils peuvent être récupérés pour en faire du fourrage de lit et des vêtements." Lorsqu'il est allé proposer cette solution aux matraqueurs de phoques des îles Magdalen, ils se sont violemment attaqués à lui.

Il aborde ensuite la chasse de 90 millions de requins par an pour leurs ailerons destinés au marché chinois.* Ils sont massacrés au point où de nombreuses espèces sont en difficulté. (...) [les chinois] font de la soupe d'aileron de requin, lequel prend simplement la saveur du poulet, ou du porc, ou quoi que ce soit qui cuise avec. C'est très coûteux et sert de symbole de statut. C'est servi aux mariages et aux événements spéciaux. *

Trois lois basiques de l'écologie. D'abord la diversité : la force d'un écosystème dépend de la diversité qu'il contient. La seconde est que toutes les espèces dans cette diversité sont interdépendantes. La troisième est qu'il y a une limite à la croissance, une limite à la capacité.

Et ce que nous faisons est d'aller au-delà des limites saines de capacité. Nous volons la limite de capacité aux autres espèces au point qu'elles doivent disparaître, et c'est une diminution de la diversité, en interdépendance. (...) Mais aucune espèce n'a survécu sur cette planète en dehors de ces trois lois de base de l'écologie.

Le documentaire aborde ensuite l'émission Whale wars, le programme que Watson a proposé à la chaîne Discovery qui jusque là avec Deadliest catch, montrait des pêcheurs de gros et des ramasseurs de crabes.

Il y a les media froids et les media chauds. Quand vous avez un sujet chaud, et qu'il est communiqué dans un media froid comme les journaux, les gens lisent les nouvelles, mais ils ne se sentent pas impliqués. La télévision est le meilleur media pour transmettre des sujets dramatiques.

C'est alors qu'ils s'attaquent à un baleinier opérant illégament sous le prétexte fallacieux de "recherche", le Yushin Maru :

*Un moratorium a été décrété sur la chasse à la baleine en 1987. Cette année-là, le japon a déclaré "Nous ne faisons pas de la chasse commerciale, mais de la chasse de recherche." (...) C'est une superpuissance économique, et ils se foutent des lois. *

"Lors de l'opération Waltzing Mathilda en 2010, nous avons inclus le Bob Barker, et l' Ady Gil de Pete Bethune."

Lorsque Bethune a interposé son petit bateau devant le Yushin? Shonon? Nisshin? Maru 2, les japonais lui sont passés dessus. Lorsque Bethune est monté à bord du bateau japonais, ceux-ci l'ont poursuivi en "justice" et il n'a même pas pu porter plainte pour mise en danger de sa vie et destruction de son bateau. De surcroît, le japon a mis watson sur la liste bleue d'interpol, "ce qui signifie qu'où que j'accoste, je serai interrogé et on devra rendre compte au japon de ma localisation." Il fut arrêté en 2012 en allemagne, le costa rica réclamant son extradition. Le japon profita de son immobilisation en allemagne pour réclamer son arrestation. L'allemagne ayant accepté ces deux demandes, on lui conseilla de se faire rare. Sa fuite entraîna une plainte de l'allemagne et interpol émit une note rouge. En 2013, le secrétaire d'état john kerry lui proposa l' "asile" aux USA.

"10 millions de bateaux de pêche sont sur les mers à chaque instant. Environ 40% du poisson que nous mangeons est issu de la pêche illégale." Il détaille les différents types de filets et les destructions qu'ils provoquent, dont le pire, le filet dérivant, qui peut faire 100 km de longueur, et qui racle le fond des océans.

"L'industrie de la pêche a la capacité de détruire la civilisation. Je le crois fermement. Si nous perdons les poissons de l'océan, l'écosystème des océans va s'effondrer. Et si cela se produit, la vie sur terre sera profondément affetée. Je ne crois pas que les humains puissent survivre dans un monde sans poissons. "

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"L'économie de l'extinction consiste à se faire de l'argent en provoquant l'extinction d'une espèce. Mitshubishi a actuellement des entrepôts remplis de thon. Ils pourraient alimenter leur marché pour les prochaines dix ou quinze années. Ils pourraient cesser de pêcher le thon et lui laisser le temps de se remettre, mais ils ne le feront pas. Et la raison est que si la population augmente, le prix des thons dans leurs entrepôts baisse. Si l'aileron bleu disparaissait, ils seraient assis sur une marchandise inestimable. Le thon à aileron bleu est l'animal sauvage qui a le plus de valeur dans le monde. Plus il est rare, plus son prix augmente. "

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"Nous regardons tout ce qui existe dans les océans, du phytoplanction aux grandes baleines, comme aussi important et méritant notre défense et protection. "

*"Chaque jour, la baleine bleue défèque environ trois tonnes de fumier, riche en nitrogène et en fer. Elles accélèrent en grandes profondeurs et remontent la nourriture vers le haut lorsqu'elles la digèrent et déposent leurs fèces à la surface. C'est là que le plancton s'en nourrit. Les baleines sont les fermiers de l'océan. Elles cultivent littéralement des plants de phytoplancton, ces plantes microscopiques qui, alors, nourrissent le zooplancton, qui nourrit les poissons, et ainsi de suite. *

*Le phytoplancton fournit 80% de l'oxygène qui est sur notre planète. En fait, les plus petites créatures de l'océan sont écologiquement les plus importantes. *

*Il y a une diminution d'environ 40% du phytoplancton depuis les années 50, et je pense que c'est lié au fait que nous ayons diminué la population de tant de mammifères marins dans les océans. *

Si le phytoplancton disparaissait, nous ne survivrions pas. Nous sommes ici parce qu'il y a du phytoplancton dans les océans. "

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"La Terre est un navire spatial. Elle est sur une orbite le long de la voie lactée. Il lui faut 250 millions d'années pour effectuer une révolution, à une terrible vitesse... Des milliers de miles par minute. Et le navire spatial a besoin d'u système de soutien de la vie. Lequel est principalement l'océan, qui fabrique l'oxygène que nous respirons, fournit la nourriture que nous mangeons, régule la température et le climat. Et un système de soutien de la vie doit être contrôlé par une équipe. Les baleines, le phytoplancton et les bactéries. Nous ne sommes pas vraiment des membres de l'équipage ; nous sommes des passagers sur le navire spatial terre. Ce que nous faisons en tant qu'humains, est de tuer l'équipage. Vous ne pouvez tuer qu'un certain nombre de membres de l'équipage avant que le mécanisme commence à s'effondrer. Si l'océan meurt, nous mourons tous. Nous ne vivrons pas sur cette planète avec un océan mort. "

*La propriété dans nos sociétés a plus de valeur que la vie. La propriété est sacrée, la vie est sacrifiable. Le mur des lamentations de jerusalem, c'est une chose sacrée, alors que la forêt d'amazonie, ou la grande barrière de corail d'australie, c'est considéré comme une chose à être utilisée et abusée. *

*Mais en réalité, la propriété a déjà été attribuée. Les ours possèdent la forêt. Les baleines possèdent les océans. Nous les leur enlevons. *