Yoshiki est un business man hors-pair, il nous le prouve une fois de plus en s'associant au réalisateur Stephen Kijak. S'il est vrai que ce documentaire a su capter l'essence de X, son coeur battant, il est avant tout le bréviaire clipesque d'une légende autoproclamée du rock'n roll. Hagiographie de la douleur personifiée, illustration glamour des aléas d'une vie de pathos irrésolu, béant. Yoshiki sera donc le témoin et intervenant privilégié des relations conflictuelles qui ont régi la trajectoire musicale de X, trente années durant. Un peu commode à mon goût. On interroge le manager, l'assistant du manager, la presse nippone inféodée aux majors locales. Et à l'international, une louche de rock stars acquises de longue date à la Sainte Église et ses martyrs tombés pour la cause. Parlons-en, justement, des martyrs. La relation unique que hide a tissé avec ses fans est effleurée, apparition succinte en insert de la petite Mayuko sans jamais la nommer... Incompréhensible.


Difficile d'appréhender la place de hide au sein de X sans aborder ce genre de facette indissociable. De fait, on n'apprendra rien sur sa contribution à la tonalité du groupe. Taiji, quant à lui, se voit relégué au rang de "meilleur bassiste du Japon" (sortez les trompettes) dont on évoque la déchéance du bout des lèvres, et qui reviendra sur scène en fin de métrage sans aucune mention de son séjour dans la rue.


On applaudira seulement la justesse du postulat initial, qui fait de la Mort un protagoniste central de cette funeste odyssée. Ainsi qu'une poignée de témoignages inédits (la mère de Yoshiki, en off). Tout cela manque de rigueur, d'investigation, de profondeur, et trahit la méconnaissance du réalisateur vis-à-vis de son sujet. D'autant que X nous est dépeint comme une formation éternelle, intemporelle, renseignée par des extraits réguliers de chansons post Last Live ou de prestations live médiocres, quand la seule période qui compte vraiment tient sur neuf ans et quatre albums. Il eut été salutaire de tendre le micro aux émules du visual kei alternatif, tels Kenji Ôtsuki - pour sa gouaille effervescente, ses points de vue adjacents, sa parole moins révérencieuse... Kijak n'est pas un partisan de X, mais simplement un curieux que la découverte tardive du groupe et son histoire peu commune auront fasciné. Cette carence d'affect en fait au mieux un chroniqueur investi, certainement pas un connaisseur. Le montage fait les frais de cet amateurisme echevelé. Mais le pire c'est encore de nous induire en erreur, que ce soit au sujet du renoncement du crew à s'exporter dans les 90's, et par là même à l'abandon de son X unique. Ou encore sur les motifs du départ de Toshi.


En somme, tout ce qui contredirait la version de Yoshiki est balayé sous la carpette. Il se dévoile toutefois, comme jamais auparavant. Difficile de ne pas être touché quand le Grand Architecte de la machine X Japan nous confie, en faisant pleurer ses verres fumés, qu'en dépit des années la souffrance demeure intacte. Dans la forme, le doc a l'intelligence de la suggestion, notamment lorsqu'il s'agit de comprendre la fameuse litanie prêtant son titre au film. Je retiens trois anecdotes, j'ajoute une dose d'esthétisme, et je soustrais tout le reste. Il me reste une vision évanescente, brouette de gadins pour un film sans bleu. Un joli dahlia dénué de tubercule, dont je jalouse à peine la corolle. Ce qui échappe à ce docu imprégné de mort, c'est un soupçon de savoir-vivre.

DrunkenBastard
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le 6 mai 2017

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