Eva décide de sacrifier sa carrière pour se dévouer entièrement à son fils Kevin. Mais ce dernier établit avec elle une relation tendue et presque malsaine qui plonge sa mère dans l'incompréhension la plus totale, et peu à peu dans la panique. La veille de ses 16 ans, Kevin commet un crime irréparable aux conséquences lourdes.



Thriller britannico-américain, ce n'est généralement pas ma tasse de thé. Mais depuis que j'ai entendu parler de ce film j'ai été intriguée par ce scénario digne d'un film qui veut-déranger-juste-pour-déranger qui en général m'insupporte, mais qui ici avait quelque chose d'attirant. J'attache une attention toute particulière aux titres de films, c'est en général ce qui attire mon regard, et "We Need To Talk About Kevin" suggère miile-et-une choses tout en résumant exactement le film. Et le casting ne m'a pas laissé le choix!

Beaucoup de journalistes parlent du personnage d'Eva comme ze rôle of ze lifetime pour Tilda Swinton (Benjamin Button et prochainement Only Lovers Left Alive), et toutes proportions gardées, c'est vrai qu'elle est impressionante. Bien sûr, son physique y est pour beaucoup, et est presque trop approprié à une mère torturée, mais heureusement pour moi et mes semblables pas franchement adorateurs des personnages trop larmoyants, elle reste originale.

John C. Reilly est très pertinent dans le rôle de son mari, Franklin. Son nom ne vous dit rien mais pourtant vous connaissez son visage; Reilly est un acteur abonné aux seconds couteaux qu'on ne remarque pas souvent, aka monsieur ah-mais-je-connais-sa-tête-à-lui. Etant la seule personne au monde avec laquelle Kevin est aimable, il ne se doute absolument pas de la tension entre son fils et Eva, et en est ainsi presque relégué au rang de mari absent.

Le film est en fait composé de flash backs qui nous révèlent peu à peu comment a évolué la relation mère-fils et surtout l'"incident" causé par Kevin, le tout entrecoupé de scènes du présent d'Eva, qui tente maladroitement de retrouver une vie équilibrée.
Le tout est bien pesé; on est d'abord intrigués par son présent, pourquoi et comment en est-elle arrivé là, puis presque effrayés par la présence de Kevin, que l'on voit d'abord enfant.
Jasper Newell, petite bouille d'amour qui joue Kevin petit, place bien le personnage et permet de mieux faire ressortir la version adolescente de ce dernier.
La réalisation n'a pas grand chose de particulier si ce n'est des plans étrangement paniquants qui relèvent le tout et une métaphore tout au long du film que l'on ne saisit vraiment qu'à la fin.

Kevin... si l'on doit parler de Kevin, parlons de Kevin. Détestable et inquiétant depuis sa tendre enfance, il est nuancé de moments adorables qui ont pour but de déstabiliser le spectateur autant qu'ils déstabilisent sa mère, et ça fonctionne. J'ai fini dans un état de stress incompréhensible entre l'envie singulière de me débarasser du personnage et celle de le protéger, peut-être parce qu'au fond on s'y attache, c'est impossible à dire.





ATTENTION, LE VOILA...





LE POINT EZRA MILLER!


Eh oui, si j'ai regardé ce film et si le personnage de Kevin est si marquant, c'est bien grâce à notre Ezra préféré (The Perks Of Being A Wallflower, Afterschool). Le côté malsain et cependant fascinant de Kevin lui sied à merveille, et moi qui aime les personnages recherchés et intriguants, c'était un pur braingasm. Je trouve l'idée assez brillante d'avoir choisit des acteurs (aussi bien le petit Jasper qu'Ezra) objectivement très beaux pour jouer un personnage si facile à détester. C'est une ruse connue au cinéma, mais ça fonctionne toujours pour attirer la curiosité sur un être fictionnel.
Ezra a ce genre de physique presque asiatique (il a en effet des origines d'Europe de l'est, d'où ses cheekbones royaux) très élancé qui peut être aussi magnifique qu'inquiétant et maladif.
Et ce qui m'a fait adorer ce jeune homme tout juste internationalement majeur dès le premier rôle dans lequel je l'ai vu est son regard. Pratique pour un acteur d'être expressif, me direz-vous, mais regardez ce film ou The Perks Of Being A Wallflower et vous saisirez. Ses longs cils peuvent lui donner un air ingénu et innocent, mais il joue ici de son regard comme Kevin joue avec les sentiments d'Eva: de façon crue et violente. Il laisse un noeud dans la gorge.
C'est pourquoi j'adore Kevin tout autant que je le hais, et c'est vraiment une grande performance d'Ezra, tout en subtilité.

Même si c'est le genre de film qu'on ne voit qu'une fois, je le recommande vivement à quiconque est assez curieux et courageux pour tenter l'expérience.


ENJOY!
ConnieBower
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le 3 janv. 2014

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ConnieBower

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