I saw the Devil
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Pourquoi un tel fils ? Les enfants sont-ils bien notre reflet ? Et pourtant ceux qui commettent des crimes, sont bien les enfants de quelqu’un... mais certainement pas le nôtre...
Toute la violence de ce film nous libère du fantasme. Adapté du roman de Lionel Shriver, une mère et toute sa difficulté à aimer. De sa grossesse à la naissance, sur une période de 18 ans, jusqu’au dénouement dramatique.
L’intrigue se déroule du point de vue d’Eva, qui est notre seul témoin. De son ambivalence et de son influence (?) pour une relation mère/fils vouée à l’échec. De sa propre incapacité à l’éducation ou de la malchance d’avoir engendré un sociopathe, Eva fera son chemin de croix, cherchant à comprendre, trouvant la preuve de sa culpabilité autant que de son innocence.
Tendu, façon thriller, la réalisatrice fait traîner ses effets par une narration faite de flashback, d’ellipses, et un montage maîtrisé qui nous perd dans les différentes temporalités et dans le cheminement mental d’Eva, - fantasme ou réalité ? - pour un certain suspense.
Malgré quelques effets appuyés de récurrence de violence par la couleur rouge – une scène d’introduction qui donne le ton... sur les murs de la maison...dans le bureau de la mère, où une décoration faite de cartes suggérant les voyages sera saccagée par son fils, comme pour signifier qu’il n’y a pas d’échappatoire, et un final «sanglant» qui boucle la boucle -, le metteur en scène ne nous fait aucun cadeau.
Kevin qui jouera avec sa mère, séduisant son père et sa sœur pour en finir avec eux. Celui qui manipule dès le début. Qui joue de cet amour qu’on lui porte. Tous subissent l’impensable. De la mère qui semble être la seule à percevoir, Kevin ne montre sa vraie personnalité qu'à elle seule. Il lui réserve une vie de souffrance. Elle sera sa vraie victime et pourtant elle continuera encore sur le même chemin d’une rédemption impossible.
Eva subira aussi la haine des autres, comme pour lui renvoyer toute sa responsabilité. Les joies du passé viennent contrebalancer le présent et l’ennui flagrant d’une vie de famille. A-t-elle elle-même créé son monstre, en lui faisant sentir sa frustration d’une vie qu’elle ne souhaitait pas vraiment. Comment par lassitude, s’arrêter près d’un marteau-piqueur pour ne plus entendre les cris de son nouveau-né ? Tant de scènes qui nous posent question. Sur le rôle que nous nous devons de tenir envers une société qui place nos enfants comme les nouveaux rois du monde où tout est permis, à l’image d’Eva qui ne prendra jamais de vraies décisions pour recadrer son fils. Elle qui aura pourtant essayer d’être à la hauteur. Déménager, quitter son emploi, accepter les rares gestes d’amour de son fils (?) et supporter son comportement sadique, jusqu’à une punition rageuse qu’elle regrette ensuite, permettant encore une fois à son fils de mener la bataille.
Eva (Tilda Swinton) est impeccable dans cette relation brutale. A la fois perplexe et perdue, intransigeante et passive, ses jeux d’expression sobres sont à leur juste mesure et l’évolution de ses sentiments se fait subtile. Son physique froid, miroir de Kevin pour leur incapacité à communiquer est renforcée par les plans de caméra statiques et silencieux rendant toute la tension de leurs multiples combats.
Les différents acteurs qui jouent kevin sont tous incroyablement inquiétants même si quelques effets de caractérisation excessifs dérangent et John C.Reilly colle parfaitement au personnage, physique à l'appui, positif mais aveugle.
Déprimant, violent et stressant, il n’y a pas de revirement ou de prise de conscience si ce n’est sur un final, malgré tout interrogatif et qui laisse un goût âpre.
Lynne Ramsay joue du malaise et ne donnera pas d’explication, nous laissant à notre réflexion.
Créée
le 30 avr. 2017
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