Un jour, des excuses seront présentées.
J’espère.
Il le faut.


Un documentaire de 2013 dans lequel Daniel Domscheit-Berg, porte-parole de Wikileaks, accuse Assange "de mensonges et de propagande" lorsqu'il exprimait son inquiétude d’être surveillé, sur écoute, sachant après coup tout ce que les USA ont mis en place pour l’atteindre, et ce dès 2008 (rapport du FBI publié à l'appui), ne doit pas rester sans excuses publiques.


Un film dans lequel une petite saloperie du Guardian ment tout ce qu’il peut en avançant l’idée que l’ennemi public n°1 a proféré un jenfoutisme total sur la vie de civils irakiens, soupçonnés de collaborer avec les USA, alors qu’on sait aujourd’hui que c’est un des pires mensonges proférés sur Assange, se doit de présenter des excuses publiques.


Un réalisateur qui par son titre même sous-entend que Wikileaks volait des secrets alors que le propos est prononcé par l’ancien Directeur de la CIA, doit présenter des excuses publiques.


Des interviewés qui insinuent qu’il n’y a jamais eu de lien entre les parutions de Wikileaks sur les dossiers afghans et les accusations de viol qui ont immédiatement suivi, quand on sait, 7 ans après, que ce même lien est avéré, se doivent de présenter des excuses publiques.


Un film qui tente de minimiser l’impact qu’a eu la petite entreprise sur le monde, minimiser son rôle sur le Printemps arabe, son rôle informatif pour les citoyens, où qu’ils soient, se doit de présenter des excuses publiques.


Un portrait de l'héroïque Bradley Manning, pauvre type fragile, instable, qui aurait presque fait son devoir de citoyen parce que c’était une lopette sans personnalité, doit entraîner des excuses publiques.


We steal secrets est intéressant quant à la genèse de l’organisation, qui était constituée, pendant un long moment, du seul Julian Assange, de son petit PC et de ses cartes SIM.
Une organisation qui a mis à mal la toute puissante Amérique, qui a vu se succéder pendant des mois des appels au meurtre à l’encontre d’Assange. Ouvertement. Sur la Fox ou CNN.

Il m’aura également réconciliée avec Adrian Lamo, ancien hacker, qui a donné Bradley Manning au FBI et qui a dû vivre avec jusqu’à la fin de ses jours.
Je le prenais pour un traître.
J'ai vu un homme en souffrance.
Je n’aurais pour rien au monde aimé être à sa place.


Pour le reste, Alex Gibney, réalisateur américain, présente un homme paranoïaque, avec si peu de conscience morale qu’il n’a cure de la mort de population civile, un homme égocentrique, un dictateur, sale et ne pensant qu’à l’argent, un pleutre qui n’a pas eu le cran d’affronter les accusations suédoises, un homme qui ne pense qu’à enfanter pour laisser quelque chose derrière lui ( ???) … en résumé, un portrait à charge basé sur… pas grand-chose.
Si dans la première moitié, les éloges fusent (Assange est décrit comme « un homme seul contre le monde », « un anarchiste humaniste »), c’est pour mieux faire place ensuite à la dégringolade. La chute de l’icône, au final pauvre type vénal et intéressé, totalement insouciant du sort de ses sources et qui ne rêve que de l’info et sa diffusion, quel qu’en soit le prix …


Mais un jour, un film, digne de ce nom, nous racontera l’histoire de Julian Assange telle qu’elle s’est réellement passée.
Un film qui conspuera les journalistes du Guardian, la juge Baraitser, les procureurs suédois, le gouvernement australien, le président Equatorien et toute cette horde de manipulateurs – conspirateurs qui ont un jour fait d’un homme pétri de valeurs, une ordure sans nom qui mérite de mourir dans l’ignorance.
Un homme imparfait certes, avec ses défauts, comme nous tous, mais bien loin de l’image présentée dans ce torchon.


La véritable histoire de Julian Assange, telle que peu la connaissent. Car peu ont pris la peine de creuser la surface et passer outre les mensonges d’état.


Il sera trop tard mais un hommage posthume, ça fait toujours chic.


Nota : pour ceux que ça intéresse (c’est-à-dire moi), Wikileaks, à l’époque de la sortie du documentaire, a réfuté bon nombre d’éléments figurant dans ce documentaire.
L’organisation a même jugé bon de publier le script du film, annoté par ses soins, afin de corriger les mensonges et/ou approximations émaillés.
A toute fin utile
Nota 2 : Un film médiocre servi par une excellente bande son, signée Fall On Your Sword.
Tout n'est pas à jeter.

SmileShaw
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le 26 oct. 2020

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