Réussir à parler de tant de sujets brûlants en un seul et même film n'est pas chose aisée. Il fallait bien un Jean-Luc Godard au sommet de sa gloire pour l'occasion : le capitalisme, la voiture comme véhicule d'un changement profond de la société (et engin de mort), la guerre d'Algérie, la paysannerie, le communisme, la société de consommation, la guerre des Six-Jours, la civilisation des loisirs, l'art, la révolution française, la lutte pour les civil-rights, Mozart et les Beatles, la décolonisation, la lutte des classes etc et j'en passe...
C'est très intéressant mais... quelle douleur à vivre! Ce film est insupportable, Godard y est méchant, pédant, égocentrique (comme toujours), hermétique, donneur de leçons... très intelligent certes, il fallait du génie pour sortir un long-métrage en 67 sur la France traversée de métamorphoses, dansant sur un volcan juste avant l'éruption de Mai 68, il prophétise! Mais sa misanthropie est si forte que je n' ai simplement pas envie d'aller au bout, de regarder, écouter ou décrypter son propos (ce que je fais tout de même, là). Et le premier a ne pas avoir envie qu'on fasse cet effort, c'est Godard lui-même, qui vomit ses obsessions à la gueule du spectateur. Il n'aime pas ses personnages, des "français moyens" qu'il embarque dans les pires situations, il est sadique et tout cela est finalement très vain tant le propos politique est sur-ligné, tant on nous fait bien comprendre qu'il y a un message ici et là, partout, tout le temps! Quelle lourdeur! En fait voilà pour résumer, dans ce film Godard est un gros lourd. Il perd le fil et surtout, le spectateur. Je donne 4 parce qu'il y a quand même tant de choses intéressantes dans ce gloubi boulga, sous une énorme couche de vernis prétentieux et impénétrable.