Autant le Dunkerque de l'anglais Christopher Nolan est désincarné par des personnages inexistants où seule l'action guerrière grandiloquente compte, autant l'opération "Dynamo" racontée par Henri Verneuil renoue avec la grande tradition du récit à la française.
En partie soutenue, il est vrai, par le fameux roman de Robert Merle qui s'y connaissait en pourvoyeur de récits populaires. Mais nous ne sommes pas non plus ici dans l'académisme du Taxi pour Tobrouk parsemé de dialogues fabriqués par Michel Audiard.
Avec Week-end à Zuydcoote, l'entreprise est à la fois modeste dans son histoire et dominatrice dans les moyens déployés.
L'errance de ce simple sergent sur la plage qui ne cesse d'hésiter entre l'envie de fuir la guerre et le vague désir pour cette jeune femme rencontrée dans sa villa en proie aux bombardements est racontée avec une belle délicatesse.
Les autres trouffions avec lesquels il partage un abris de fortune sont bien dessinés, jamais schématiques et touchants dans leur banalité : Perrier, Géret, Marielle, Mondy, tous très bien.
Ce qui est curieux et surprenant de la part de ce cinéaste habitué à une "qualité française" attendue est le risque qu'il prend dans le traitement de la mise en scène : Verlaine parlerait peut être à son sujet d'une langueur monotone qui blesse le cœur des âmes abimées.
Les lents panoramiques laissant entrevoir cette nasse où les colonnes de soldats vont et viennent parmi les explosions comme autant de fourmis désorientées sont d'une discrète élégance.
Même la maladresse de la jeune Catherine Spaak au rôle assez improbable, nous touche quand elle s'adresse à Belmondo pour lui demander de rester auprès d'elle.
La suite de la carrière de Verneuil sera hélas de moins en moins inspirée.
Dommage car ce film de guerre est un des meilleurs exemples de ce que le genre pouvait offrir à l'époque.