Quand un genre naît sur la base d’une poignée de films, l’exploitation du filon tourne vite court. Trois destinées attendent ceux qui surfent sur le (ou les) succès d’un autre : la redite, la surenchère ou le pas de côté. Le slasher se nourrit justement de ces trois voies. On retrouve ainsi ceux qui ont pompé avec plus ou moins de talent les autres, ceux qui ont rajouté une tonne d’hémoglobine et ceux qui ont essayé autre chose en partant du même postulat. Week-end de terreur fait partie de ceux-là. Même point de départ que les camarades qui sont passés avant, avec un zeste de Dix petits nègres, le film réunit une bande de jeunes adultes n’ayant pas grand-chose dans la cervelle mais presque tout dans la culotte. Le temps d’un week-end, les voilà rassemblés dans une maison isolée où un déséquilibré compte bien les faire trépasser les uns après les autres.


Si on ne veut pas dévoiler le pas de côté sous peine de flinguer le film à ceux qui ne l’ont pas vu, le moins qu’on puisse dire est qu’il est ridicule, improbable et qu’il ôte tout ce qui fait le charme d’un slasher. On sort de là dubitatif avec le sentiment persistant d’avoir été pris pour un imbécile. C’est d’autant plus pénible que le film fonce dans son procédé avec une délicatesse de pachyderme. On voit arriver le truc et on se demande pourquoi on nous prend pour de telles poires. Ce sentiment désagréable est renforcé par de nombreux éléments défaillants. D’abord, le film ne fait jamais frissonner. Le suspense est inexistant, les meurtres sans imagination et souvent sans hémoglobine (la plupart ont, de toute façon, lieu hors champs). Le tueur est invisible et sa présence n’est jamais ressentie comme une menace flippante. Ensuite, les personnages sont tous insupportables et leur mort est assurément trop douce.


Tourné au milieu des années 80, alors que le genre était moribond, le film tente quelque chose pour se démarquer du lot. C’est, par ailleurs, sa seule raison d’être. À grands renforts de blagues lourdingues autour du 1er avril, le résultat s’apparente à un film pour gamins avec d’incessantes références libidineuses et des situations éculées dans d’autres productions du genre. Mou, long à démarrer et frustrant par son final, voilà un candidat malheureux pour décrocher la palme de l’originalité du slasher.


Play-It-Again-Seb
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le 22 août 2023

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