C'est ça ce que j'admire le plus dans le cinéma sud-coréen - cette manière de surprendre autant alors qu'on en attendait pas grand chose. Welcome to Dongmakgol c'est l'histoire de trois soldats nord-coréens, deux soldats sud-coréens et un aviateur américain qui, pendant la Guerre de Corée, se retrouvent tous les six dans un village perdu dans la montagne - Donkmagol - où les gens ne semblent pas être au courant des événements qui font rage dans le pays. A la réalisation, Park Kwang-hyun, dont c'est le seul film à ce jour (il tourne cependant actuellement la méga co-production de sci-fi coreano-chinoise The Fist qui devrait sortir en 2014) et quand même, si tous les premiers films pouvaient être aussi bons que celui-ci, ce serait le paradis.

L'influence Miyazaki n'est jamais cachée, c'est d'ailleurs Joe Hisaishi (compositeur japonais attitré de la société de prod Ghibli - et aussi un pur génie) qui s'occupe de la bande-originale. On retrouve la même atmosphère, les mêmes envolées poétiques, le même propos engagé pacifique, la même écriture... C'est d'une beauté incommensurable, il n'y a jamais une réplique ou une scène de trop, tout est simple mais si beau et si sincère - c'est d'ailleurs ce qui caractérise souvent le cinéma sud-coréen : ça a beau ne jamais être parfait techniquement ou sur le fond, dans la forme ces films possèdent souvent un charme et une saveur unique. Et c'est le cas plus que jamais pour Welcome to Dongmakgol. Les effets spéciaux ne sont pas toujours super bien faits, deux trois passages sont bien confus... mais Park Kwang-hyun livre un film unique et poétique, porté par des acteurs splendides (le casting est absolument parfait - beaucoup de gueules qu'on aimerait revoir plus souvent), par un scénario simple mais magique, et vraiment maîtrisé par une mise en scène colorée et délirante.

Vraiment, je suis encore sous le choc. Ce film est sans aucune hésitation une merveille du genre - c'est euphorique tout le long, y a aucun temps mort, c'est d'une inventivité sans cesse renouvelée, c'est d'une beauté plastique (à défaut d'être d'une beauté technique) assez incroyable, cet utopie moderne se classe sans problèmes parmi les meilleurs films que j'ai vu depuis un bout de temps. Mais le plus fort dans tout ça, c'est sans doute la fin du film. Je m'attendais à tout mais pas à ça. C'est là le point le plus impressionnant de Welcome to Dongmakgol, son final en apothéose, tragique et terriblement sensitif, ça faisait un bout de temps que j'avais pas été aussi bouleversé par la fin d'un film - portée en plus par la classe du casting.
L'éternel lien durant tout le film qui relie étroitement la fiction fantasmée (la scène du sanglier, jouissive dans son aspect manga) et la triste réalité de la guerre (le bombardement). C'est à la fois très pessimiste dans son regard tragique sur les horreurs de la guerre et dans sa vision enchantée de l'unification coréenne (comme le souligne une réplique à la fin du film). Un message presque universel tant la séparation des deux Corée peut s'appliquer à beaucoup d'autres sujets de discorde. Une morale simple mais qui, sans jamais tombé dans la simplicité de la transmission du message ou dans la mièvrerie, est construite de merveilleuse façon.

Non, ce premier film de Park Kwang-hyun n'est pas parfait. Pas parfait dans le sens où il reste bourré de défauts. Mais il s'en dégage une telle force, une telle beauté qu'on ne peut que tomber sous le charme d'un film injustement méconnu hors de son pays natal. Une merveille comme seule la Corée du Sud sait nous en livrer, et qui prouve à quel point on ne peut qu'avoir raison de s'intéresser en profondeur à ce cinéma. Jubilatoire.

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le 17 juil. 2013

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Vivienn

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