Moins d'une semaine après sa sortie en VOD, le Welcome to New York d'Abel Ferrara, basé sur l'affaire DSK, a déjà fait coulé beaucoup d'encre. Le principal intéressé qualifiait le film de "merde", Anne Sinclair, elle, "vomissait la saleté". Malsain, dérangeant, croquant le portrait d'un homme malade et lubrique, unique fautif de sa chute, il n'est pas étonnant que le film ait déchaîné les passions de l'ex directeur du FMI et de son ancienne compagne.
Devereaux (Gérard Depardieu) est un homme puissant qui manipule des milliards de dollars, faisant et défaisant les nations. Mais son insatiable appétit sexuel va bientôt propulser sa ruine...
Certes les noms sont changés, mais il est quasiment impossible pour le spectateur de s'ôter de l'esprit les fameuses initiales qui ont défrayé la chronique en 2011 : DSK. Un hôtel luxueux, une femme de chambre, une serviette qui tombe malencontreusement sous les genoux et une accusation pour viol, Welcome to New York reprend tous les éléments de l'affaire du Sofitel, et c'est là son principal défaut. Car, même si l'on comprend la démarche d'Abel Ferrara, on ne peut s'empêcher de penser à l'énorme coup de pub dont a profité le cinéaste.
Affectionnant les personnages décadents remplient d'addictions, le réalisateur de Bad Lieutenant à dû trouvé dans l'ancien ministre des finances l'inspiration et la personnalité idéale pour se pencher sur le pouvoir, l'auto destruction ou la dépendance sexuelle. Abel Ferrara filme la perdition de cet homme dans sa maladie, créant une atmosphère perverse à coup de filtres rouges, de scènes de sexe violentes et bestiales. Welcome to New York s'appuie sur cette animalité, montrant Devereaux non pas comme un être humain mais comme une véritable bête, nue, sale, à l'écoute de ses pulsions. Qui d'autre pour incarner cet ogre assoiffé de fornications sauvages que Gérard Depardieu. L'acteur ne parle pas, il grogne, souffle, renifle, tel un porc se remuant dans la boue. Le physique énorme et imposant du comédien bouffe littéralement la pellicule, le metteur en scène le cadrant dans toutes les positions, sous tous les angles, soulevant ainsi chez le spectateur un sentiment de dégoût qui le fait irrémédiablement vaciller.
La relation de couple est également au cœur de Welcome to New York. Toujours dévouée à son mari, Simone (Jacqueline Bisset) ne rompt pas sous les coups qu'elle reçoit. Le long métrage tente d'expliquer les raisons qui la pousse à sortir son époux du pétrin dont il s'est fourré. Se retrouvant en tête à tête, enfermés dans un appartement de grand standing, les esprits s'échauffent et les quatre vérités sortent. Malgré les écarts de conduite de Devereaux, Simone lui porte une admiration sans bornes, et sait qu'il aurait été promis à grand avenir s'il n'y avait pas eu cette arrestation. Le sachant politiquement fini, elle ne peut que sauver la face devant les caméras du monde entier. Devereaux, lui, jure qu'il ne voulait pas toucher du doigt la présidence, le film sous entend alors une sorte de suicide professionnel conduit par son comportement.
Affichant le mal-être d'un homme qui n'a pas forcément chercher à crouler sous les responsabilités, ne survivant que par l'auto destruction, Welcome to New York plonge le spectateur dans une ambiance glauque, sentant les fluides corporels et la sueur. Hélas, Abel Ferrara colle trop près du fait divers et de ses protagonistes dont son œuvre est tiré, un choix qui décrédite un peu le travail du cinéaste.