What I Am
6.3
What I Am

Film de Michael Pavone (2011)

Ça commence comme Le journal d'un dégonflé, et puis très rapidement ça prend une direction toute autre, le récit étant bien plus mature, plus porté sur le réalisme et moins sur la comédie. Les brimades ne servent jamais de catalyseur à l'humour, et de toute façon, le but recherché n'est pas celui de faire rire en nous imposant des situations improbables. Le tout est narré par le personnage principal, Andy (Chase Ellison), qui se remémore cette fin d'année de collège, durant laquelle toutes sortes d'événements décisifs se sont déroulés. D'une certaine façon, on serait presque tenté de dire que c'est un film d'auteur, tant le contexte particulier des sixties, des pensées rétrogrades et du milieu éducatif respirent le vécu et influent inévitablement sur le déroulement de l'oeuvre. Le public visé n'est d'ailleurs pas vraiment la jeunesse, car c'est avant-tout l'aspect nostalgique qui prime ici, et l'on aura vite fait de lui trouver une ressemblance avec American Graffiti, quelques années plus tôt.

Bref, That's What I Am est une fable émouvante sur la tolérance, pleine de bons sentiments, jamais vulgaire ni déplacée, et abordant des sujets délicats sans jamais sombrer dans la démagogie.
On regrettera néanmoins certaines fluctuations dans l'écriture, que ça soit de par son effet « sauterelle », qui nous fait observer les protagonistes de façon un peu désarticulée, ou encore son manque de logique, certaines situations étant narrées alors qu'Andy n'est pas présent. C'est certes mineur, mais si cette voix-off, servie par Greg Kinnear, n'avait pas été choisie, le problème ne se serait pas posé.
Ed Harris, bien que sa tête tienne une bonne partie de l'affiche, n'est finalement que second rôle, celui d'un professeur veuf, accusé d'être homosexuel. La chose était on ne peut plus répréhensible dans les années 60, et assimilée à tort à de la pédophilie, et il devra choisir entre nier pour sauver sa peau, ou simplement ne pas répondre à la question, sa vie n'ayant rien à voir avec ses compétences d'enseignant, et risquer d'être licencié. C'est d'ailleurs cette partie qui est la mieux traitée, et l'on s'étonne que cette production, estampillée WWE, réalisée, écrite et produite par son vice-président exécutif, Michael Pavone, réussisse à aborder ce sujet de façon si subtile, sans pour autant virer démagogue démocrate, ce qui semble être la nouvelle image que veut colporter la fédération de catch.
L'épilogue façon American Graffiti se plante en revanche en beauté, nous résumant ce que sont devenus tous ces gosses, les « gentils » ayant réussi, et les « méchants » ayant mal terminé. Un message un peu puant après 90 minutes sympathiques, alors qu'il ne faut pas se leurrer, l'adolescence passe malheureusement par des jeux de domination, comme chez les animaux, et les gosses sympas peuvent eux aussi mal tourner, tout comme les terreurs sont capables de changer.
Pour conclure, si Le journal d'un dégonflé vous a paru trop enfantin, cette oeuvre vous comblera, malgré ses quelques défauts. A l'inverse, si vous cherchez un comédie pour rigoler en famille, passez votre chemin.
Mention spéciale pour Ed Harris, dans un rôle à l'opposé de tout ce qu'il a pu interpréter auparavant, et qui a l'air de s'épanouir dans la peau de ce professeur unique et passionnant.
SlashersHouse
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le 19 août 2011

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