Parce qu'en Chine le caractère de la pénombre comprend celui de la lumière...

Yichun Wang fait partie de ces jeunes réalisateurs chinois indépendants, qui percent à l’international mais dont les films restent souvent boudés des salles de cinéma chinoises encore peu friandes de films d’art et d’essais.


Sur fond d’investigation policière poussive sur une série de meurtres de jeunes femmes, le film traite avec originalité et subtilité d’un sujet pourtant fort classique, la sortie de l’enfance et les affres de l’adolescence. La jeunesse chinoise de l’après révolution culturelle, ne veut vivre que pour les premiers émois de l’adolescence et les chanteurs à succès, quand on ne cesse de la seriner de poncifs maoïstes. Hors des murs, où étudiants en uniformes récitent des leçons de morale inspirées de la doxa communiste, la mort frappe. Effet décalé assuré. Les scènes de KTV improvisé dans lesquelles deux adolescents se trémoussent sur un bunker de l’époque maoïste succèdent à des tableaux d'assemblées communistes où toute la communauté semble marcher du même pas... Mais altérité et contre-cultures parviennent toujours à se faire une place au soleil même dans les régimes les plus liberticites, comme ce tueur qui court toujours au nez et à la barbe des autorités locales ou ce retraité polisson qui profite des séances de lecture assurés par les élèves pour se faire lire de la littérature rose.


Avec beaucoup d’humour, le film montre les impasses du système judiciaire et policier chinois en opposant jusqu’à la caricature la figure du détective pointilleux et celle du policier amateur avide de succès faciles.


On peut regretter une intrigue policière parfois un peu longue, mais qui reste le support de réels questionnements sur les méthodes policières de l’époque! L’humour distillé dans chacune scène et la justesse des acteurs font bien vite oublier ces quelques flottements.

AudeCarpentier
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le 17 janv. 2017

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