When We First Met
5.2
When We First Met

Film de Ari Sandel (2018)

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Je ne le répéterai jamais assez, je ne suis d'ailleurs pas sûr de n'avoir pas déjà commencé une critique comme ça, le genre de la romcom est hyper, archi-codifié. Surement dans le top 2 avec le slasher. Si certains films se permettent des envolées et s'érigent en porte-étendard de ces genres tant ils excellent tout en arrivant à sortir de leurs codes, totalement ou en partie, cela ne veut pas pour autant dire que les autres films, plus sages, plus convenus, sont mauvais. On va pas cracher sur les tragédies de Corneille et de Racine sous prétexte que c'est toujours pareil, à priori. Se lancer dans une comédie romantique, c'est signer un contrat: "J'ai pris connaissance des codes des comédies romantiques, je sais qu'ils seront sans doute présents dans le film. Et je m'engage donc à accepter ces conventions, ou à changer de film."


Forts de ces notions de base, je peux dire sans aucune hésitation que j'ai littéralement adoré When We First Met. Alors certes, la mise en scène ne casse pas des briques, et la B.O. non plus d'ailleurs, finalement assez peu présente. A noter tout de même l'excellent morceau de fin, I will follow you de RIVVRS. Reste que la lumière est parfois trés jolie -pas tout le temps-, et certains plans sont assez beaux à voir, mais ça reste rare, encore une fois.
Les vrais points forts, il ne faut donc pas les chercher bien loin : d'une part, le casting, trés bon. Daddario et Amell sont trés bons, tout comme Andrew Bachelor. Mais ceux qui sortent du lot sont sans doute Adam Devine et Shelley Hennig. J'aime beaucoup Devine, qui a vraiment un don pour la comédie. Une façon de faire rire qui ne plaira certes pas à tout le monde, mais qui reste un style bien à lui. Quand à Hennig, elle est absolument lumineuse et nous emmène de façon ni trop subtile, ni trop grosse, vers ce qui sera la morale du film. Et superbe transition oblige, l'autre gros point fort, c'est cette morale. Parce que oui, l'histoire en elle-même, c'est clairement du réchauffé. Depuis le film cultissime Un Jour sans Fin, trés bon mais clairement surcôté, l'idée d'une romcom sur un personnage qui va pouvoir revenir dans le temps pour améliorer sa life et peut-être trouver l'amour a été vu un bon paquet de fois.
Ne mentez pas, un peu de recul suffit pour se rendre compte qu'Un Jour Sans Fin, c'est particulièrement niais. Sois gentil pas méchant, et en plus si t'es gentil pas méchant, bah tu auras la fille. A peine caricaturale, comme description. When We First Met, lui, va donc s'attacher à montrer que


l'on peut se tromper. Ca a l'air particulièrement con dit comme ça, mais dans le genre vraie romcom légère, c'est finalement assez rare de montrer, de souligner avec une telle ferveur que oui, on peut complètement se tromper. Que la personne que l'on aime passionnément n'est peut-être pas forcément faite pour nous, et que c'est comme ça. Justement, dans les comédies romantiques classiques, vous voyez le personnage principal, souvent un homme, faire des pieds et des mains jusqu’à séduire, et surtout reconquérir la demoiselle. Il n'y a pas de doute, c'est elle et personne d'autre, et il n'y a pas plus de doutes sur le fait qu'il est également fait pour elle. Ce sentiment que tout lui est dû, à ce personnage principal, que s'il faut suffisamment d'effort, qu'il est suffisamment gentil, attentionné, drôle avec la demoiselle, il l'aura. Cela devient une question de mérite, d'obligation. Le gars s'échine à la tâche, il la mérite, cette histoire d'amour. Le destin la lui doit. C'est précisément ça que vient déconstruire le film. La vie, l'amour, le destin ne doit absolument rien à personne. Et les efforts, parfois ça ne suffit pas. Et comme Noah dans le film, on va pleurer, maudire les cieux, crier à l'injustice parce que la vie est allée dans une direction alors qu'une pichenette aurait pu la faire aller dans l'autre, celle souhaitée. Et ce qui est dingue, c'est que l'on fait souvent tout ça avant même de se remettre en question. Et surtout, un temps fou se passe avant que l'on se pose LA question "Est-ce que je m'étais trompé ?". Sauf que c'est déjà trop tard, et que la vraie, belle opportunité sera déjà peut-être passée sous notre nez à tous.
En définitive, When We First Met pousse à la remise en question, et rejette l'idée que quelque chose nous est du à tous, quand il s'agit de relations amoureuses. SI cela ne marche pas, il faut regarder autour de soi, continuer à chercher, parce que l'erreur, en amour comme pour le reste, n'est pas rare. C'est quelque part le même message que le chef d'oeuvre qu'est (500) jours ensemble. Avec une mise en scène, une B.O., et quasiment tout beaucoup moins bons, bien sur.


Et c'est en comprenant ce message qu'on apprécie d'autant plus la performance de Shelley Hennig. Parce qu'on se lance dans une comédie romantique, on met tout de suite tout dans des grosses cases bien définies : personne principal, Noah, objectif : conquérir Avery, meilleure amie drôle et un peu folle de l'intérêt amoureux, Carrie, ennemi à abattre, Ethan. Ce qui fait que le spectateur, d'emblée, ne va même pas avoir la décence de considérer Carrie comme autre chose. Sauf que les scènes posées qu'elle a avec Noah, se concluant trés souvent par un sourire lumineux de Hennig, vient nous titiller. A mesure qu'avance le film, nous, spectateurs/trices pourtant convaincu que l'objectif, c'est de séduire Avery, commençons progressivement à être un peu perturbés par ce beau sourire, cette sincérité, et cette honnêteté qui se dégage de Carrie et de ses échanges avec Noah. Le beau sourire marchant d'autant plus pour moi, spectateur masculin hétéro. Et l'on en vient, en même temps que ce dernier, à virer de bord, et à chaque seconde qui passe, à se dire que tout comme Noah, on s'était bel et bien trompé. En suivant la même révélation que le personnage principal, l'immersion est évidemment d'autant plus grande, et le message d'autant plus efficace.


Pour finir, je trouve le film assez drôle, et la fin trés bien mise en scène.


Parce qu'aura beau dire que les romcoms sont toujours pareilles, le film ne suit pas le schéma classique On se rencontre / On s'aime / On se dispute / On se re-aime, il n'y a pas de baiser final, et le beau et grand discours final se conclut par un râteau en bonne et due forme, Jack.


Donc voila, j'aime beaucoup ce film, et je l'ai déjà vu plusieurs fois avec grand plaisir. Clairement dans le top comédie romantique sorties dernièrement.

Kousei
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Créée

le 25 juil. 2018

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Kousei

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