Willard
6.5
Willard

Film de Glen Morgan (2003)

Diantre que c’est mauvais. Ouai quand on commence une chronique comme ça, il est clair que ça donne pas envie de continuer... Et puisque ce qui suit parle du film, il est parfaitement entendu que vous n’ayez pas le courage de vous enfoncer dans une réflexion sur la médiocrité cinématographique sur le point d’être détaillée.
Remake inutile du ‘’Willard’’ un peu oubliée de 1971, cette version 2003 est une production tout aussi inutile, qui n’a rien à proposer, rien à traiter, et s’évertue pendant 1h40 à meubler du rien avec du vide. Autant dire que le résultat se présente comme un étron filmique n’ayant absolument rien saisi des enjeux de son original, qu’il n’essaye même pas d’aborder.
Cette fois Willard est un trentenaire chelou, le cheveu gras, suintant, souffrant de dyspraxie, névrosé il a tout du psychopathe, et ça se voit. Il est très clair que le type est mal, et qu’il a un problème. Et puis direct, il maitrise les rats, sauf Ben, qui reste méfiant, et qui dès le début est plus ou moins contre lui… En fait ce que fait ce film, c’est de reprendre les moments forts de l’original, en meublant.
Résultat ça donne une œuvre vide de sens, dans laquelle Crispin Glover est beaucoup trop caricatural, empêchant de créer le moindre lien d’empathie avec le personnage. Là où le Willard de 1971 avait ce petit côté désespéré qui le rendait un minimum touchant, et qui venait justifier ses actions. Ici que nenni, Willard a l’air programmé pour faire le mal, dès le départ.
Tout dans ce film est également dégueulasse. La maison est vieille, poussiéreuse, comme la mère malade, qui ressemble à un squelette avec sa chemise de nuit jaunie. L’usine est délabrée, les murs sont effrités et les grilles rouillées, tout semble être fait pour mettre en place une ambiance malsaine, sauf que tout est malsain.
Dans l’univers proposé, rien de fait réellement cohérence, donc il est difficile d’y croire. Alors suivre une intrigue dans ce merdier, autant de moucher dans la main et aller toucher des gens dans la rue en criant ‘’Corona !!’’. Ce sera surement plus palpitant.
D’une tristesse scénaristique abyssale, la mise en scène est forcée et peine à retranscrire le lien entre Willard et les rats. Qui était l’une des réussites de l’original. Ici les rats sont des milliers, ils obéissent à Willard, on ne sait pas trop pourquoi, ils sont le plus souvent représentés comme une bouilli numérique absurde, qui manque de réalisme. Et c’est ce réalisme qui rendait l’original intéressant, permettant une identification avec Willard. Ici c’est impossible.
‘’Willard’’ version 2003 pose la question de l’intérêt de certains remakes. Puisqu’il donne l’impression d’avoir été produit juste pour montrer un type malsain utiliser une armée de rat, parce que c’est cool, pour faire payer leur méchanceté à des personnages bêtes. Comme le chef de l’entreprise, qui est encore pire que l’originale. Ce n’est plus de l’humiliation, c’est carrément du harcèlement.
La frontière entre les deux est très fine, mais dans l’humiliation il y a cette idée que ‘’Peut-être c’était pour rire’’. Quand dans le harcèlement il y a cette idée que ‘’Peut-être Je veux que tu te suicide’’. L’un n’est pas mieux que l’autre, mais la différence existe.
Le directeur est donc un sale type qui traine sur des sites pornographiques, en 2003. Avec les photos qui mettent trois plombes à charger. Il regarde les clichés d’une jeune femme de 22 ans, en se buvant un petit whisky. Techniquement il ne fait aucun mal, mais il y a une volonté de le présenter comme un porc. Donc la majorité des internautes, hommes/femmes/autres sont des porcs… Tué pour avoir maté du porno… Merde, ça serait un génocide pas possible…
Toujours est-il que l’homme semble payer pour ça. Comme il est tellement caricatural, et que son acharnement envers Willard est gratuit et sans fondement, ben on s’en branle (lol) qu’il y passe. Là où dans l’originale le directeur avait une once d’humanité. C’était un naze, mais dans le fond c’était juste un vieux de la vieille, perdu dans un conflit générationnel avec le héros.
Bref, dans cette production il n’y a rien qui tienne la route. Et il en allait de même pour le remake de ‘’Black Christmas’’ réalisé par le même Glen Morgan, souffrant exactement des symptômes similaires. Il en résulte des œuvres batârdes, qui ne font que recopier bêtement sans rien apporter, au contraire même puisque ces films réussissent la performance de vider leur récit de base d’absolument toute substance. Pour qu’il ne demeure qu’une série B à peine passable, qui n’apporte rien d’autre que vous faire perdre 1h40 de votre temps.
Bien entendu si vous êtes phobique des rats, c’est un film à éviter. Et si vous êtes phobique des films de merde, passez aussi votre chemin. Cependant, Si vous avez une attirance malsaine pour les rats et les navets, ce métrage est certainement fait pour vous.


-Stork._

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le 15 mars 2020

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