Winter Vacation me fait penser à ces paroles d'une chanson de Vincent Delerme, parlant d'une pièce de théâtre du festival d'Avignon :

« Pas de décor pas de costume c'était une putain d'idée
Aucune intonation et aucun déplacement
On s'est dit pourquoi pas aucun public finalement »

Voilà, Winter Vacation, c'est presque ça.
Pour montrer le désœuvrement d'une petite ville chinoise de province, le réalisateur s'est attaché a vidé les décors : les gens vivent dans des appartements vides dont la seule occupation est de regarder la télé ; les extérieurs eux aussi sont vides, barres d'immeubles moches, pas de figurants, pas de voitures, rien pour rendre les scènes crédibles, et avec un bruit de fond urbain lointain (avec des explosions, étranges...), sans doute pour faire un effet de contraste...
Les acteurs de leurs côtés se contentent d'être présents, à déclamer leurs répliques avec une attente d'un minimum de 3 secondes entre chaque réplique (sauf quand les adolescents se fâchent) et avec aucune intonation, aucun geste. Même les baffes ne sont pas crédibles. Mention spéciale au grand-père, qui impassible dit à son petit fils : « je suis émue là ». Effet comique réussi : toute la salle à rit. Autre mention spéciale pour l'adolescent qui ronfle, le genre de ronflement, « rrrrran pchhhhiiiii », que l'on fait pour faire la bonne blague du « je fais semblant de dormir ».
Le montage est aussi une belle blague : les scènes sont une succession de plans fixes (vraiment aucun mouvement de caméra) et horizontaux (à part deux contre-plongées). Aucune recherche spéciale dans les placements d'acteurs. Chaque scène commence par une dizaine de secondes où il ne se passe rien et se finit de la même manière.
Une scène est même jouée deux fois, celle de la « baffes-à-billets ».

Je n'ai rien contre ce genre de procédés (quoique faire jouer des acteurs avec un charisme d'endive, je ne vois pas trop), mais là, c'était vraiment exagéré. On comprend bien que les adolescents s'ennuient mais ce n'est pas la peine de mettre tous les poncifs du cinéma indépendant, du cinéma de genre, pour nous le faire comprendre.
En définitif, l'effet produit est exactement l'inverse. Une fois qu'on a compris que le réalisateur à mis la paquet à ce niveau-là, que ce n'était pas juste le début du film qui est comme ça pour planter l'ambiance, alors on peut enfin être détendu si je puis dire. A l'évidence, mon avis était partagé dans la salle puisque je n'étais pas la seul à rire.

Avant je pensais que les nanards étaient simplement des séries B ratées avec peu de moyens. Et bien non, les films indé peuvent aussi être des nanards, Winter Vacation en est la preuve.
Clément_
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le 27 févr. 2011

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