Bon.
A l'origine, j'étais pas vraiment tenté par ces films, là, avec le grand barbu plein de griffes. Mais tout le monde m'a dit que le trois est excellent. Alors, faire quoi ? Mettez-vous à ma place, un peu. J'entame direct avec le trois, ou je me farcis les deux premiers d'abord ?
Notez bien, j'excuse pas : j'explique !
J'avais surtout peur du premier. J'aime pas les premiers épisodes des héros. On t'explique comment il est devenu ce qu'il est et ça, franchement, je m'en bats l'oeil.
Ben, finalement, le premier, il était pas si mal. Attention, n'exagérons rien, c'était pas un chef d’œuvre, ni même un bon film. C'était juste un film qui s'évertuait à ne pas être trop mauvais, et c'est déjà pas mal. On avait droit à tout le catalogue des scènes de « films d'action pour les nuls », avec le must absolu : le mec qui marche face caméra pendant que tout explose derrière lui. Il y a dix ans, quand j'ai arrêté de compter, j'avais déjà vu cette scène 20 000 fois.
Non, mais il y avait un combat final à trois qui était assez sympa. Et puis (très grand avantage, surtout par rapport à ce qui va suivre) le film n'était pas trop long. Voire même relativement court pour un film de cette catégorie.
Certains auraient dû s'en inspirer.
J'étais donc modérément confiant en abordant ce volume deux. D'abord parce le réalisateur était James Mangold, en qui j'ai une certaine confiance. Ensuite, parce que le premier était passé, et j'avais le tort de croire que le pire était derrière moi.
J'ai mis deux minutes à déchanter.
Cet opus deux s'ouvre sur une des scènes d'ouverture les plus ridicules que je connaisse. Les seppuku tout pourris et surtout la scène de l'explosion de Nagasaki. Encore maintenant, je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer (d'ailleurs, cette explosion nucléaire m'en a rappelé une autre, celle de l'ouverture du dernier Indiana Jones, vous savez, avec le frigo... Et là, j'étais au bord des larmes).
Mais qu'importe ! Le film reprenait sur de bons rails. Surtout avec l'apparition de Rila Fukushima (j'espère juste qu'elle ne doit pas son rôle à un mauvais jeu de mot sorti de la tête du directeur de casting) et la direction nippone que prend le scénario.
Ouais, enfin, direction plus ou moins nippone. Disons, le Japon vu par des scénaristes hollywoodiens, hein. On balance deux ou trois lieu communs, on parle des katanas et des clans, mais on sent bien que c'est du carton-pâte, sans la moindre crédibilité. Passons, soyons indulgent : si je veux voir un film sur le Japon, ce ne serait sûrement pas celui-ci.
Mais les défauts commencent à se multiplier. Outre la stricte et absolue banalité de l'histoire, il apparaît évident surtout qu'elle tient sur un timbre poste et que le cinéaste l'étire considérablement, au-delà du raisonnable même. Pourquoi à tout prix vouloir faire du 140 minutes avec un scénario de court métrage ? A part pour vouloir, éventuellement, développer le sens de l'ennui chez les spectateurs. Dans ce cas, c'est réussi : ce n'est même plus un ventre mou, c'est carrément un film mou dans son ensemble.
Et qui n'est pas sauvé par son combat final. Soyons honnêtes : dans ce genre de film, c'est un peu ce qu'on attend. Le combat final, c'est la promesse d'une apothéose, le clou du feu d'artifice. Et bien, ici, c'est à la hauteur du reste : ridicule. L'armure géante est pathétique, les pseudo-révélations cousues de fil blancs apparaissent comme de pitoyables tentatives de scénaristes dépourvus d'idées.
Quant à la vipère, elle n'est pas crédible un instant en méchante. Aucune expression, aucun jeu d'actrice, il faut lui dire qu'il ne suffit pas d'apparaître et de faire la gueule pour faire peur.
Alors, franchement, j'espère que le troisième volet vaudra la peine d'avoir supporté celui-ci.