Si vous avez vu l'affiche de Wonder Wheel, vous avez vu le film. Je m'explique : le visuel de cette affiche met en évidence le travail réalisé sur les lumières que vous retrouverez à l'écran. Et là-dessus, en effet, le film tient ses promesses. Le traitement de l'image correspond tout à fait à l'ambiance onirique de l'oeuvre, et il est encore embelli par le travail sur les lumières. A l'image de Nicolas W. Reffn, de Denis Villeneuve dans Blade Runner 2049 ou encore de Damien Chazelle dans La La Land, Woody Allen nous plonge dans un univers de lumières. Chaque rayon lumineux est une métaphore. D'ailleurs, tout n'est que métaphore dans ce film, comme l'explique le narrateur dès les premières minutes. La colère en bleu, l'angoisse en rouge, la passion sous le soleil et la désillusion sous la grisaille, jusque-là, rien de nouveau à l'horizon. Mais effectivement, ce travail de lumières est beau et a du sens dans cet univers onirique. Là où il devient gênant en revanche, c'est lorsqu'il est tellement démonstratif que ce n'est même plus de l'ordre du subtile ou de la métaphore. Ainsi, en une fraction de seconde, l'image passe d'une couleur à l'autre de manière beaucoup trop flagrante et "vulgaire". Et le tout en perd de son charme.
Quand au récit en lui-même, eh bien c'est du vu et revu chez Woody Allen. Mais ce qui est le plus dommageable, c'est qu'il ne va même pas dans la profondeur des personnages et ne fait que survoler leurs difficultés. Ainsi, le père de famille ou le fils qui tourne mal ne sont que des figures bâclées au profit de la romance, et sur lesquelles il aurait été très intéressant de s'attarder.
Donc voilà, nous avons ici une romance très théâtralisée, et qui se revendique comme une pièce de théâtre. Les protagonistes de cette amourette sont eux-mêmes passionnés de théâtre, jouent comme au théâtre, subissent le sort comme au théâtre et même parlent au spectateur comme au théâtre. Là-encore, cette mise en abyme est beaucoup trop vide et démonstrative. Ce n'est qu'une démonstration du réalisateur, mais qui ne semble même pas pertinente au fil du récit.
De la beauté, de la lumière, du théâtre oui, mais subtilement s'il vous plaît Monsieur Allen !