Sorti au cinéma en France en Juillet 2013, World War Z est “l’adaptation” du livre de Max Brooks World War Z : Une histoire orale de la guerre des zombies. Si je mets des guillemets à “adaptation”, c’est parce que le film de Marc Forster ne conserve au final que le titre du roman écrit par le fils de Mel Brooks.

Le livre est une collection d’interviews et de témoignages représentants différents points de vue sur la guerre contre les zombies. Le film, quant à lui, suit le personnage de Gerry Lane (Brad Pitt), un ancien employé des Nations Unies, qui est chargé par ses anciens supérieurs de trouver l’origine du virus afin de pouvoir fabriquer un antidote. Pour s’assurer de sa coopération, ils menacent de renvoyer sa famille à Philadelphie, ville infestée par les zombies.

Brad Pitt incarne un personnage insipide au possible. Le héros sans défaut, sans reproche dont la seule caractéristique est d’aimer sa famille et de vouloir la sauver. Il n’y a rien de plus ennuyeux qu’un personnage lisse et qui ne possède aucune faille personnelle à surmonter au cours de l’histoire. Cela rend l’identification avec lui quasiment impossible et il donc très difficile de s’immerger dans le récit et de s’inquiéter de ce qui pourrait lui arriver.
Pour étoffer le personnage, quelques références sont faites à son passé de baroudeur. Au compte goutte, elles semblent pourtant suffisantes pour que ses anciens supérieurs soient persuadés qu’il est l’homme de la situation. Le spectateur, lui, demande à être convaincu.

Gerry embarque donc pour une aventure aux quatre coins du monde et à la structure très répétitive. Il se rend quelque part, rencontre des gens, leur pose des questions et obtient des indications sur sa prochaine destination. Soudain les zombies attaquent, tuent plein de gens mais Gerry parvient à s’échapper pour rejoindre sa prochaine étape où le scénario recommence de la même façon …

Marc Forster, responsable du mal de crâne déguisé en film Quantum of Solace, manque encore une fois d’inspiration dans ses scènes d’action. La caméra bouge trop (moins que QoS tout de même) et le montage hâché rend l’action confuse. Pire, on relève quelques erreurs de continuité entre certaine scènes. Mais ce dernier élément est sans doute lié au remontage de dernière minute du film.

En effet, World War Z a connu une production très chaotique. Les prises de vues ont débuté sans que le scénario n’ait une fin, qui a du être écrite pendant le tournage. Jugée insatisfaisante, Brad Pitt (aussi producteur) a fait appel à Damon Lindelof (Lost, Prometheus) pour en écrire une nouvelle. La nouvelle fin est plus calme, très différente du bruit et de la fureur des autres scènes de zombies. et compte parmi les passages que j’ai préféré du film (à deux ou trois idioties près). Son atmosphère et sa tension rappellent certains passages avec les clickers dans le jeu The Last of Us. La fin originale, quant à elle, devait se dérouler à Moscou et impliquait une énorme bataille contre les zombies sur la Place Rouge.

Les zombies, parlons-en : On continue avec la représentation modernes des zombies qui courent et qui tiennent plus de l’infecté que du mort vivant. Une fois mordue, la victime se transforme en quelques secondes et part mordre une cible à son tour. Les “zombies” ne dévorent jamais personne. Le danger vient de leur vitesse et des énormes essaims qu’ils forment. Habitué aux films de George Romero et ses zombies lents, je n’ai pas ressenti la peur un seul instant, excepté dans le dernier acte du film. Je déplore aussi le fait que les zombies ne représentent rien alors qu’ils devraient être une allégorie des problèmes de notre société. Ils sont ici une masse informe, qui attaque tout ce qui bouge. Le film est assez peu gore dans l’ensemble. Une décision prise pour attirer un public le plus large possible (un film de zombies tout public, y a pas un truc qui cloche ?) et augmenter les recettes au box-office. Et pour être certain que le film rapporte de l’argent, on a droit à un magnifique placement publicitaire dans le dernier acte où l’on voit Brad Pitt boire une canette de Pepsi en gros plan alors qu’il est entouré de zombies…

Vous l’aviez sûrement compris, je n’ai pas aimé World War Z. Mal structuré et mal réalisé, le film est à mes yeux un gros ratage. Pourtant, le long-métrage a rapporté plus de 500 millions de dollars au box-office et on parle même d’une possible suite. Le spectateur serait-il devenu lui même un zombie ?
browncoat84
4
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le 24 déc. 2013

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browncoat84

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