Réalisateur d’une petite dizaine de documentaire, Michael Beach Nichols s’est intéressé à de nombreux sujets de société tels que les compétitions de danse se déroulant à Brooklyn ou encore à l’arrivée de suprémacistes au sein d’une petite ville du Dakota du Nord. Les thématiques sont variées mais conservent l’optique d’analyser la société américaine à travers un fait divers précis.

Dans le cas présent, le sujet de départ est digne d’un synopsis horrifique. Un clown déambule en ville et s’introduit dans des demeures pour terroriser des enfants. Le réel nous rattrape lorsqu’on découvre que ces actions sont en fait un service mis à disposition de parents dépassés dans l’éducation à prodiguer envers leurs progénitures.


L’auteur décide de développer les deux pans de cette histoire.

Des scènes fictives sont réalisées afin de développer la mythologie entourant Wrinkles. La conception du boogeyman permet de retranscrire les peurs inhérentes envers ce type d’individus. Nous obtenons une mise en scène travaillée cinématographiquement. Ces moments tissent un récit parallèle faisant écho aux propos recueillis lors des interviews.

En parallèle, nous suivons la perception de ce service atypique auprès des différents acteurs de la société civile. Les nombreuses voix recueillies permettent de saisir les nuances et les clivages face à un tel phénomène. Bien que nous ayons notre propre opinion sur cet événement, il est intéressant d’entendre des avis dissonants et de comprendre les raisons de leur position. L’auteur garde d’ailleurs une neutralité afin de nous laisser la possibilité de faire notre propre analyse.

Une autre particularité de l’œuvre est d’interroger le principal protagoniste de cette histoire : Wrinkles the clown. Nous écoutons les raisons ayant poussé cet homme à devenir une légende urbaine dans une démarche pseudo-altruiste. Tout comme pour le reste des personnes interrogées, cette parole permet de comprendre la genèse et la démarche derrière cette profession alternative.

Cette variété d’intervenants permet d’avoir un tableau complet vis-à-vis de l’événement présenté.


L’œuvre aurait pu se résumer en cela dans une approche alliant création fictive et retranscription du réel. Le réalisateur en décide autrement lorsqu’il introduit un élément disruptif déconstruisant totalement notre lecture de ce fait divers.

Cette nouvelle information amène une nouvelle thématique passionnante : la création de légende urbaine. À travers cette notion, nous observons comment un évènement contrôlé entraîne un phénomène instable à la portée bien plus vaste qu’anticipée.

La dernière partie du film s’oriente sur cet axe en élargissant la zone géographique analysée. Nous replongeons une ultime fois mais en se concentrant cette fois sur le traitement médiatique et les psychoses que cela a produit.


En somme, Wrinkles the clown est un documentaire atypique dans la forme adoptée mais surtout dans le fond de par sa diversité thématique. Nous pouvons cependant regretter que les analyses les plus passionnantes ne soient pas suffisamment développées. Il n’enlève rien à la maîtrise de Michael Beach Nichols vis-à-vis de son sujet.

tzamety
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le 1 oct. 2022

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