Avec Yossi (2013), Eytan Fox explore le deuil non pas dans ses éclats tragiques, mais dans sa forme la plus silencieuse : celle qui s’insinue dans le quotidien, dans le regard vide d’un homme qui continue de vivre sans réellement exister. C’est précisément ce traitement du deuil, intime et contenu, qui m’a profondément touché et qui justifie ma note de 8/10.
Dix ans après la mort de Jagger, Yossi reste enfermé dans une routine solitaire, incapable d’exprimer sa douleur ou de se reconnecter au monde. Le film capte avec une grande justesse cette paralysie émotionnelle. Chaque plan, chaque silence, chaque regard détourné devient un écho du manque. Fox ne cherche jamais à forcer l’émotion : il laisse le vide parler, et c’est ce qui rend l’expérience si authentique.
La performance de Ohad Knoller est au cœur de cette pudeur. Par sa sobriété, il incarne un deuil non spectaculaire mais profondément enraciné, fait de retenue et de gestes avortés. C’est à travers cette lente et discrète évolution — notamment grâce à la rencontre avec Tom — que le film esquisse un chemin de guérison. Pas de rédemption soudaine, pas de grand discours : juste la possibilité, enfin, d’ouvrir une porte.
Ce que j’ai aimé, c’est la manière dont Yossi parle du deuil comme d’un processus, non comme d’un moment. Le film refuse les clichés du drame larmoyant. Il opte pour une forme de délicatesse émotionnelle qui, sans être spectaculaire, reste profondément humaine.
En somme, Yossi m’a marqué par sa capacité à dire l’indicible, à représenter la douleur d’une absence sans jamais la trahir par trop de mots. C’est un film discret, mais essentiel — une œuvre qui laisse le silence respirer, et avec lui, l’espoir d’un apaisement.