Zebraman 2 : Attack on Zebra City par pierrick_D_

Dans "Zebraman",premier du nom,tourné six ans auparavant,des extra-terrestres belliqueux attaquaient Tokyo.Un instituteur moche et terne se transformait alors en super héros,Zebraman donc,ainsi baptisé parce que des rayures noires et blanches apparaissaient sur son visage,et bottait le cul des aliens,libérant ainsi le Japon.Ce second épisode débute quinze ans après ces évènements.Le mec se réveille d'un long sommeil après avoir servi de sujet d'expérience au nouveau gouverneur de la ville,une sorte de nazi qui a instauré le Zebra Time,une case horaire quotidienne durant laquelle la police et les notables se voient autorisés à perpétrer tous les meurtres ou autres exactions à leur convenance,ce qui est supposé faire baisser le niveau général de criminalité.Il semblerait que les auteurs d'"American Nightmare" aient vu ce film,puisque le premier de la série sortira trois ans plus tard.Le réalisateur des "Zebraman" est Takashi Miike,connu pour son cinéma pessimiste et cruel,ceux qui ont vu "Audition" par exemple comprendront de quoi il est question.Mais Miike a un petit défaut,il tourne beaucoup.Et à force de tourner beaucoup il tourne parfois trop,au point de tourner à l'occasion n'importe quoi,ce qui est un peu le cas ici.Le film empile tous les éléments habituels de la SF asiatique en général et du manga en particulier.Scénario incohérent,dialogues aussi creux que sentencieux,politique-fiction débile,montage épileptique des scènes d'action,décors insolites,costumes extravagants,effets spéciaux ridicules,musique assourdissante,chansons stupides,personnages univoques partagés entre gentils d'une pureté cristalline et méchants d'une abjection totale,érotisme de pacotille à base de filles court-vêtues gainées de cuir,données scientifiques aberrantes,happy-end niais,acteurs surjouant atrocement,réminiscences des films de sabre et de samouraïs,le cahier des charges est respecté.Ce bric-à-brac psychédélique est à la longue assez fatigant.Heureusement,Miike est là pour imprimer au film son ironie et son sens de l'humour noir.Il allège ce fatras indigeste en prenant de la distance avec son sujet.Des répliques comiques très décalées fusent ça et là,le ridicule des personnages et des situations est ponctuellement souligné,tandis que les monstres extra-terrestres sont des bibendums verts plus rigolos qu'effrayants,assez proches des fantômes de "Ghostbusters" et qui détruisent la ville en pétant dessus.Sans oublier la très vilaine fille du gouverneur,qui massacre une jeune chanteuse lui ayant piqué sa place en tête du Top 50 local.Il est clair que Takashi ne prend guère cette histoire au sérieux.Malgré tout,il parvient à dégager de ce bazar un thème de réflexion intéressant,qui a trait à la part d'ombre présente en chacun de nous et qu'il vaut mieux maîtriser si on en est capable.Les comédiens sont dans l'ensemble horriblement mauvais,la palme de la ringardise revenant à l'insupportable cabotin Naoki Tanaka,au jeu excessif typique des acteurs asiatiques.Seuls Tsuyoshi Abe,sobre et intense en samouraï inflexible,et la petite Mei Nagano,joli talent précoce,arrivent à sortir du lot.