Zeria
5.4
Zeria

Film de Harry Cleven (2021)

L'animation de marionnette est extrêmement rare pour qu'on s'intéresse à toutes tentatives utilisant cette technique. Donc lorsque l'on voit un film utilisant cette technique arriver en sélection à l'étrange festival puis au festival fantastique de Gérardmer... cela a de quoi capter définitivement l'attention. C'est le cas de Zeria, proposition à part, dans un monde post-apocalyptique, dont sa bande annonce a de quoi rebuter plus d'un. J'ai eu la chance de le voir lors de la rétrospective Gérardmer 2023 à la cinémathèque française, et faute de savoir si le film va sortir un jour, il est important de s'attarder sur cet ovni qui s'a atterri en salle, le temps de quelques festivals de genre.


Ce qui marque le plus, lors du visionnage de Zeria, c'est l'originalité de ce qui nous est donné de voir. Déjà d'un point de vue plastique, le film ne se limite pas tant à l'animation des marionnettes, mais va avoir une vrai réflexion questionnant le mouvement. Il ne sera pas rare de voir des moments où l'on filme différemment les marionnettes pour avoir de nouvelles façons de percevoir un même mouvement, que ce soit avec des plans à l'épaules ou même des plans subjectifs, pour montrer la peur d'un enfant à l'arrière d'une voiture. Le film, dans ses thématiques, questionne l'humanité de ses personnages. A travers un mélange entre animation de marionnette et animation en costume, où l'acteur/marionnettiste se glisse intégralement dans la peau de son personnage, le film va positionner l'existence de ses marionnettes vis-à-vis de l'humain et du spectateur. On voit alors un film montrant des personnages en quête d'humanité, victime de la perversion humaine, les affectant psychologiquement, plus frontalement lorsqu'un gosse va pour se faire battre par son père, ou lorsque le masque d'une marionnette va comme pour être fondu lors de rapports sexuels à plusieurs. On peut critiquer une narration non conventionnel, partant dans tous les sens sans réellement en trouver un, mais cela fait parti de la vie de ces personnages, perdu entre souvenirs noirs et traumatismes. On est rapidement perdu dans un tourbillon d'anecdotes ne faisant pas tous sens les uns avec les autres, mais ayant comme point commun ses personnages et sa chronologie, suivant l'enfance du narrateur jusqu'à ce qu'il retrouve (ou non) son petit fils Zeria. Malgré tout, si l'on s'y accroche assez, on arrive à apprécier ce qui parait presque comme une impression d'humanité. On regarde le film plus par fascination que par réel compréhension, jusqu'à un final très beau et touchant dans son registre, qui offre une très belle image de fin. La chose étant que le film, par son utilisation de marionnette, va proposer de nouvelles façons d'approcher l'intimité d'un personnage. On va filmer les personnages presque comme quelque chose de monumentale, aux sentiments démesurés, avec une caméra à l'épaule qui peine à être stable devant quelque chose qu'il ne saisit pas et/ou qui le dépasse. Ces marionnettes vont alors intimider lorsque ceux-ci sont animés par de mauvais sentiments, ou à contrario, vont apporter une extrême délicatesse lorsque, dans sa fin, les sentiments deviennent plus intimes.


Le soucis est que si l'ensemble est cohérent et intéressant, l'exécution est très approximative, voire bâclé. Le rythme est extrêmement lent et pesant, mais le tout est mal rythmé, ce qui est très éprouvant si l'on arrive pas à s'y accommoder, et fait vite piqué du nez. On est rapidement épuisé lorsque l'on subit le non but du récit dans sa moitié, et que les graphismes très sombre du film créé une unicité d'ensemble, qui n'arrive jamais à créer un dynamisme arrivant à re-capter l'attention si on a le malheur de décrocher un seul instant. Que cela soit une scène de violence ou une scène de bonheur, on n'arrive jamais vraiment à décoller en terme de rythme, et on arrive à trouver le temps extrêmement long en 1h de film. On sent un films avec de bonnes idées mal gérées, et une œuvre qui a l'air d'échapper au contrôle de son réalisateur, tant celui-ci ne maitrise ni le récit, ni la forme animé utilisé. Si le film est très créatif sur sa manière de sous entendre des paysages vastes et divers à travers des jeux d'échelles avec les personnages à taille humaine, on a de sérieux problèmes de raccord entre les plans. L'échelle d'un rocher peut passer de la taille d'une vallée à la taille d'un grain de sable entre deux plans. On nous perd très vite tant il manque une unicité d'ensemble dans le dispositif. Dans cette continuité, on aussi parler de l'animation des personnages qui n'est régit par aucune règle précise, et finit par être opportuniste et pratique, plutôt qu'une réelle réflexion de fond sur l'animation. Certaines scènes reposent beaucoup trop sur le mouvement humain, et ne créé pas de mouvements propres aux marionnettes. Si la plus part des plans de marionnettes les montrent statique ou en mouvement minime, certains plans de courses ou d'énervement montrent les marionnettes avec des mouvements beaucoup trop humains, cassant le statu quo des marionnettes instaurés dans le film. Enfin, et c'est le plus troublant, certaines scènes reviennent en boucle dans le film sans vraiment de raison. On a le motif d'ouverture qui revient plusieurs fois comme une forme de transition, à l'image d'un carton qui chapitre une vidéo YouTube, mais certaines scènes de marche ou de dialogue reviennent tel quel dans le film sans trop de raison. Au final, le film reste intéressant et propose une séance de pure curiosité qu'on ne retrouvera pas ailleurs, mais l'exécution est tellement hésitante, voire bâclé, que l'on n'arrive pas à pleinement apprécier l'expérience. C'était à voir, je l'ai vu, pas sûr que je le reverrais, mais je ne pourrais pas dire que je la séance ne ma servi à rien.


9/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

Youdidi
5
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le 13 févr. 2023

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