@Zola est l’adaptation d'une story Twitter virale concernant une virée de 48h de deux jeunes femmes en Floride. Un périple qui va tourner au cauchemar.


Au commencement

Dans le restaurant où elle travaille, Zola (Taylour Paige), une bitch noire un peu conne, va faire la rencontre de Stefani (Riley Keough), une bitch blanche conne et raciste. C’est le coup de foudre. Stefani va lui proposer de partir en Floride avec son pimp noir (Colman Domingo) et Derrek (Nicholas Braun) son mec blanc bipolaire. Le voyage va rapidement devenir des plus glauques.


Zola et Stefani

Zola se définit comme une danseuse, du moins, c’est ce qu’elle aime à penser. Elle fait du lap dance dans des boîtes glauques devant des hommes lubriques lui jetant des billets froissés sur sa plastique parfaite. Elle veut faire de l’argent avec son corps. Stefani fait la même chose, du moins, c’est ce qu’elle lui laisse croire. Elles viennent de se rencontrer. Pourtant Stefani lui propose de partir danser dans une boite en Floride. Zola accepte de l’accompagner à bord d’un suv conduit par un homme noir ressemblant à un pimp et un homme blanc qui ne semble pas très stable psychologiquement. Elle va vite comprendre que c’est un mauvais plan.


Avant que cela ne parte en vrille, les deux nouvelles BFF ne cessent de s'appeler bitch, se comportent comme des bitches, font des trucs de bitches en exhibant leurs fesses, aussi bien dans des boîtes glauques que sur les réseaux sociaux, les yeux constamment vrillés à leurs portables puis s'étonnent de finir comme des putes. Elles sont le reflet d’une génération narcissique et matérialiste déconnectée de la réalité.


Zola, une bitch parmi tant d’autres

Zola se pose en victime. Elle raconte son histoire, même si Stefani va avoir un droit de réponse des plus brefs. Cela reste sa version des faits. On a un seul point de vue qui n’est pas à l'avantage de Stefani et encore moins de Zola.


Zola aime l’argent, le luxe, les réseaux sociaux et sa barre de lap dance en plein milieu de son salon. Dès que l’on lui propose la possibilité de faire de l’argent, elle accourt telle une chienne après un os. Zola tente de nous faire croire qu’elle a une certaine morale. Pourtant, elle n’hésite pas à se transformer en pimp pour l'autre pute blanche qui enchaîne les passes avec des rednecks dont on nous balance frontalement leurs anatomies, aussi dégueulasses qu'eux. Elle ne vaut pas mieux que Stefani. La seule différence, c’est qu’elle en a fait un thread qui est devenu viral, au point d’en faire une adaptation cinématographique. Certes, Hollywood n’a plus d’idées et passe son temps à faire du recyclage où à exploiter le filon Marvel, DC Comics, Star Wars, Jurassic Park, etc… mais là, on touche quand même le fond.


My neck, my back

@Zola parle de certaines femmes par le prisme d’une femme, Janicza Bravo, sur la réappropriation de leurs corps, mettant à mal le patriarcat, alors qu’elles ne font que reproduire le même comportement qu’elles dénonçaient. Elles passent leur temps à travailler leurs fessiers afin de les exhiber dans des Story Snapchat, tik-tok, Instagram, etc… fières d'être des bitches. On applaudit cette belle évolution de la femme. Mais l’argent à ses raisons que leurs neurones ignorent, portées disparues dans la proéminence de leurs culs façon Nicki Minaj, Cardi B ou Megan Thee Stallion.


Les hommes en prennent aussi pour leurs grades. Ils ont fait des femmes des objets sexuels, même si elles sont persuadées d’avoir repris un semblant de pouvoir, alors qu’elles ne font que continuer à dégrader leurs images comme leurs corps. La prostitution existe car il y a des putes et des clients, de l’offre et de la demande. Surtout, il y a des proxénètes qui les exploitent comme ce pimp violent. Un personnage aussi détestable que sa pute. Finalement, ils vont bien ensemble. On leur souhaite tout le bonheur du monde (non). Ils démontrent que l’homme comme la femme ne vaut pas mieux que l’autre.


L’Amérique pas si profonde


En dehors de nous ensevelir sous un amas de plans de fesses rebondies, @Zola nous parle de l’Amérique profonde, à travers cette nouvelle plongée dans les bas-fonds de ce monde merveilleux, bien loin de celui de Disney.


Sur la route qui les mènent vers la gloire, pardon la prostitution, on aperçoit des drapeaux confédérés flottant fièrement, ainsi que des panneaux avec l’inscription “Jesus Saves” (nobody). Cela reflète une grande partie de cette Amérique qui a perdu de son aura autour du monde. Un pays qui célèbre aussi bien dieu, le capitalisme que le droit au port d'armes et qui se transforme, lentement mais sûrement, en régime totalitaire comme le démontre la révocation de l’arrêt Roe Vs Wade sur le droit à l’avortement. Une Amérique qui a touché le fond avec l’élection de Donald Trump dont les répercussions se font lourdement ressentir, entre assassinats d’innocents par la police où la multiplicité des tueries de masses.


Enfin bref…

La réalisatrice Janicza (pas) Bravo tente de donner du relief à un truc aussi inintéressant que la vacuité des réseaux sociaux. Pourtant, il y avait matière à dessiner un portrait au vitriol de cette génération, ainsi que des rapports homme/femme et d’une certaine Amérique. On doit juste se contenter de suivre Zola, prisonnière de son avidité pour l’argent, dans une œuvre pseudo auteuriste sous couvert A24.

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le 6 juil. 2022

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Laurent Doe

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