Entre nous, il est plein de bonnes idées ce film.


Pour moi, le gros souci de Zombie Honeymoon c'est qu'il se prend pas au sérieux sur les bonnes choses. Il a son concept : il veut être un film de romance zombie. OK, cool. Tiens, allez voir le formidable Lac des Morts-vivants de Jean Rollin ! Mais admettons. L'ennui c'est qu'ils pennent à prendre l'horreur au sérieux et donnent tout au concept. Et dans un film amateur, ça pousse les acteurs dans des retranchements malheureux, ça leur fait jouer des scènes qu'ils ne peuvent pas raisonnablement jouer avec leur talent et la direction qu'on leur offre.


Pourtant ils se donnent, ils font ce qu'ils peuvent, mais c'est jusque dans le script que ça va pas. La scène où Micheline découvre que son époux végétarien donne désormais dans le tartare de joggeur en surpoids, au secours cette réaction. J'ai pas du tout ressenti « J'ai surpris mon mari en train de bouffer un mec dans la salle de bain », c'était tout juste « J'ai surpris mon mari en train d'enculer le chat ». Tout juste. Et en même temps c'était injouable comme situation, c'était au-dessus de leurs moyens ; je plains l'actrice, que j'ai pourtant trouvé convaincante dans d'autres scènes. D'ailleurs le type est carrément pas au niveau de charisme de la nana, il tient un rôle qui se veut complexe avec la présence à l'écran d'un persidé en fraie, et je pense que ça contribue très négativement à rendre l'ensemble convaincant.


Et tout le film est comme ça, il s'acharne à planter ses pivots autour de la relation amoureuse alors qu'il ne demande qu'à briller dans l'horreur, là où franchement l'équipe a un vrai instinct. Les scènes finales sont bonnes, vraiment. Le passage où Micheline se bouche les oreilles sur le lit mérite carrément d'être relevé, c'est qualitatif, ça marche. Ça marche parce que dans ces scènes nocturnes le manque de moyens devient un avantage : les make-ups sont sublimés par le lowkey, on joue sur le son et l'ambiance, on est vraiment dans le cœur du genre. On met de la lumière là où on a mis de l'argent, pas ailleurs. Tout le reste du film était bien trop lumineux et étalait sa pauvreté financière à l'écran, préférant perdre du temps avec une romance mal executée plutôt qu'aller au but.


Dommage aussi que le ton très frontal et rock'n'roll de la partie pré-zombie ne suive pas le rythme tout le long du film. Dès que Michel commence à virer cannibale ça s'embourbe, que ce soit dans le montage, dans les cadrages, dans la réalisation, ça redevient vite planplan alors que ça démarrait sous acide.


En somme, un film amateur qui avait du potentiel pour envoyer du lourd mais qui s'est pris les pieds dans le tapis de son concept, qui s'est embourbé dans le développement d'une relation dont tout le monde se fout au lieu de se concentrer sur ce qui était à sa portée.

Scolopendre
6
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le 3 mai 2022

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Scolopendre

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