Cameron est un petit tâcheron qui fait des films pour vendre des jouets (comme Christopher Nolan avec Batman, heureusement que les deux films de Schumacher viennent rattraper le coup). Bruno a été révolté par ce potentiel gore complètement sous exploité (les aliens faisaient à peine pisser le sang), cette édulcoration complète du sexe (pas un seul plan nichon, et on ose appeler ça un divertissement) et ce futur lointain carrément pas réaliste (des vaisseaux spatiaux ? Pfffu ! Et pourquoi pas un projet ITER, tant qu’ils y sont…). Alors, il a trouvé la parade. Il refait exactement le même film, au plan près, à la ligne de dialogue près, mais en utilisant des stock shot d’un film de sous marin pour remplacer le vaisseau spatial, une camionnette blindée pour remplacer le tank et des zombies phillipins pour remplacer les aliens. Avec un contexte aussi réaliste, si le public ne flippe pas, c’est qu’ils ont été lobotomisés par Stanley Kubrick ! La trame est identique à celle d’aliens, la transposition espace-espace océanique et alien-zombie s’effectuant tout en finesse. On note la juste prestation d’Yvette Yzon qui tente d’illustrer l’état de confusion mental de son personnage en jouant quelquefois platement, parfois en mode « à côté de ses pompes », avec un regard vide de toute expression qui montre les épreuves qu’elle a déjà subie. Plutôt que de passer par des formules prise de tête, Yvette jouera la carte de la franchise, en gratifiant le colonel chapeautant la mission d’un « vous zètes un ‘ffalaud ! », la voix française la gratifiant d’un sseveu sur la langue comme on n’en a plus entendu depuis l’énorme Doc Savage. Le reste du casting parvient heureusement à égaler la performance d’Yvette en termes d’intensité dramatique. Au diable les aspirations maternelles de Ripley, qui ne faisaient que ralentir le récit et pleurer dans les chaumières ! Le rythme est à l’avenant, la menace zombie étant tout simplement terrifiante, car jaillissant de tous les bords du champ de la caméra, des coins sombres sans ouvertures, des culs de sacs hermétiques... Certes, nos soldats (qui avaient embarqués au nombre de 50 et qui débarquent en étant 8, les autres se sont perdus dans les toilettes) sont bien équipés (on notera leur détecteur de mouvement, une sorte de montre bracelet qui clignote quand arrive la menace (dont nos soldats reconnaissent la position à l’instinct : « c’est par là ! » nous gueulent-ils en pointant un mur blindé sans porte)), mais totalement pas préparé à une telle mission. Ils rigolent des zombies, parce que ça n’existe que dans les films de Fulci, et ils tirent dans les murs dès qu’ils entendent un bruit louche. Et quand la meute de phillipins décomposés débarque, ils prennent une déculottée sans égale. On notera au moins que Bruno a retenu la leçon, et qu’il filme maintenant platement et de façon lisible l’attaque des militaires au cœur du nid zombie. Après, c’est comme dans Aliens, l’efficacité se conserve. A noter la scène où Sharon (notre héroïne, faut suivre) se retrouve enfermée avec un zombie, et qu’elle appelle à l’aide dans la radio. Dans la salle du commandement, tout le monde entend clairement ce qu’il se passe, mais les militaires continuent de discuter comme si de rien n’était pendant que le méchant docteur va arrêter la radio. Voilà comment on rend les militaires ambigus. Mais plus que jamais, c’est le dénouement du film qui fait surgir le potentiel d’auteur de Bruno. Stan Winston pensait nous en mettre plein la vue avec son joujou télécommandé deluxe qui avait six membres, une grosse tête et une longue queue. Ici, Bruno nous offre un trip total, une sorte de vision hallucinatoire d’un pédophile shooté à l’acide nitrique. Notre héroïne arrive dans une espèce d’entrepôt où se dandinent, à poil, des dizaines d’enfants phillipins affichant des têtes en forme de cône, des oreilles pointus et des boules de billards à la place des yeux. Puis on passe à un tunnel avec des femmes accrochées au mur dans de la substance visqueuse (« Vous avez vu ? C’est dégueulasse ! », dira un militaire), avec des tuyaux de chauffage qui leur arrachent des fœtus vivant du bide. Arrive alors le chef des zombies, une couille géante ! Une belle grosse couille de trente kilos, qui pense par télépathie et qui veut conquérir le monde avec ses enfants phillipins tous nus avec des têtes de suppositoires. Mais, poussant un cri de rage sans précédant qui surpasse les meuglements d’une joueuse de tennis en plein match, Sharon nous crame enfants, femmes, bébés, couille, dans un déluge de flammes purificatrices. Puis elle se rend sur la jetée, les zombies la coursent, et là elle voit le sous marin surgir à 3 bon kilomètres de la côte, elle sourit, puis hop, générique. Que va-t-il lui arriver le temps que le sous marin se rapproche ? Je ne sais pas, et Bruno non plus ne le sait pas, mais qu’importe, il réussit sans problème à surpasser la saga Alien sur le terrain de la maîtrise esthétique et de la gestion des acteurs. Sans parler de l’insertion de plans d’explosion des films Hollow man et Terrain Miné, qui viennent ridiculiser les délires pyrotechniques de Cameron, qui depuis a tenté de percer dans le milieu avec sa version des Schtroumfs, il serait temps d’aller lui dire comment on fait du cinéma… Bruno, dommage que tu nous ais quitté aussi tôt, je sens que ta version des Schtroumfs nous auraient grandement enthousiasmée (plan nichon schtroumfette, waagggg !). Ciao l’artiste, tu nous manqueras vraiment (beaucoup L). RIP !
Voracinéphile
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le 12 oct. 2014

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