Zoo
7.4
Zoo

Film de Peter Greenaway (1985)

Un grand cinéaste froid et prétentieux

Difficile d'attribuer une note unique à un tel film : époustouflant dans sa forme, je mettrais 8, voire plus ; profondément ennuyeux dans ce qu'il raconte, je mettrais 6, voire moins.


Ennuyeux car trop abscons et trop chargé en significations. Et c'est bien là le souvenir que j'avais de Meurtre dans un jardin anglais et du Ventre de l'architecte, vus il y a longtemps.


La vie brutalement interrompue, la décomposition des corps, l'histoire du développement de la vie sur Terre, les 23 lettres de l'alphabet grec, des frères Siamois désireux d'être "recollés", un chirurgien fou qui s'identifie à Vermeer, une couturière-prostituée nommée Venus de Milo (la déesse sans bras... vous suivez ?), deux bébés nés des frères siamois, un Felipe Arc-en-ciel cul-de-jatte pour s'accorder à Alba, les rayures sur les zèbres et sur le slip d'une femme, l'hermaphrodisme des escargots... Mettez tout cela dans une marmite, remuez bien, vous obtenez un truc incompréhensible, où seul l'auteur, sans doute, retrouve ses petits. A l'image de l'art contemporain tel qu'on ne l'aime pas : prétentieux et inaccessible.


Mais la forme ! L'image est somptueuse de bout en bout. Chaque plan est composé et éclairé avec soin, le film ne cessant de surprendre visuellement. Quelques exemples : les grandes lettres ZOO qui côtoient une affiche de tigre, le zèbre derrière les barreaux de sa cage, la chambre noyée de blanc d'Alba, une salle de projection traversée en son centre par la lumière du projecteur, la jambe unique d'Alba qui se prolonge sur Béta jouant au fond de la pièce, les clichés réguliers sur les animaux en décomposition, les escargots envahissant le plateau de photographie final... Un festin pour le cinéphile !


Que ne met-il son talent au service d'un propos plus simple, plus ramassé surtout ? Peter Greenaway est un grand cinéaste. Mais aussi un cinéaste qui charge beaucoup trop la barque de l'intellectualisme. Résultat ? De l'admiration, à revendre, mais aucune émotion tout au long de ces deux heures, qui m'ont paru bien longues malgré la splendeur plastique du film.


Comme la forme prime pour moi sur le fond au cinéma, je tranche à 7.

Jduvi
7
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le 12 avr. 2020

Critique lue 245 fois

Jduvi

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