Zoolander traverse les âges, non pas en tant que chef d’œuvre intemporel mais plutôt en tant que bouffonnerie improbable. Nous sommes au début des années 2000 et l’industrie de la mode est un cartel mafieux qui exploite la misère partout dans le monde. Quand le premier ministre de Malaisie interdit le travail des enfants dans son pays, il devient une menace pour le business mondialisé. Le cartel missionne en secret et contre son gré un mannequin masculin particulièrement concon qui sera chargé, à son corps défendant, d’assassiner le dirigeant malaisien. Là comme ça, ça pourrait ressembler à un mix entre le poing levé de Ken Loach et le thriller parano d’un Sydney Pollack. Mais en fait non. Pas du tout. C’est le troisième long métrage de Stiller en tant que réalisateur et il n’est pas connu pour faire des films dossiers. Ça commence tout foufou par une avalanche de gimmicks chics et chocs typiques de l’esthétique de la mode, parodie survitaminée avec la complicité d’un certain nombre de célébrités dans leur propre rôle. C’est tout le ridicule de cette superficialité qui est décrit et moqué. Souvent, c’est totalement absurde et le contraste est bien écrit entre une jeune journaliste ambitieuse et la vacuité cérébrale de tout ce monde-là. Dialogues de sourds et philosophie vandammienne (le fond en moins). A l’interprétation, c’est surtout le succès éclatant de Stiller, parfait, et d’Owen Wilson, irrésistible faux dandy cool. A noter, enfin c’est surtout une note personnelle que c’est après avoir vu le Fatal de Youn que je me suis décidé à revoir ce Zoolander et effectivement, le film de Youn, aussi drôle soit-il est bien une copie conforme de la première partie de Zoolander. Bref, tout ça pour dire qu’en termes d’humour absurde concon qui fonctionne bien, on tient avec Zoolander une pièce maîtresse qui fait toujours référence pour qui aime ce genre d’humour. Pas sûr cependant que le temps joue en sa faveur mais ça, l’avenir nous le dira.