Quel étrange destinée que celle de ce film qui, suite au succès du roman de Νίκος Καζαντζάκης aura l'étrange charge de révéler au monde dans une production pourtant internationale, le cinéma grec et le folklore crétois.

Etrange destinée toujours quand la réussite du projet se révélera miraculeusement totale, allant même jusqu'à faire du sirtaki, créé pourtant pour l'occasion, un pan entier de la culture locale !

Etrange destinée enfin de voir qu'un tel phénomène laisse cinquante ans plus tard finalement peu de trace dans l'histoire cinématographique où seul le titre du film parait aujourd'hui familier au grand public.

Et pourtant, derrière la légende brouillée, l'aspect touristo-choc des bribes qui nous restent et l'image de nos parents se trémoussant sur la musique du film il y a quelque chose à sauver de cet oubli.

Tout d'abord, c'est un film étonnant, véritablement, ce qui est finalement assez rare, où la franche bonhommie du personnage principal ne peut tout à fait cacher l'incroyable violence de la vie des bouseux crétois dégénérés présentés ici.

L'histoire de cette ile ensoleillée où je me suis perdu une fois par hasard commence sous la pluie, au Pirée, lorsqu'un Anglais d'origine grecque (Alan Bates encore jeune, que Quinn avait appris à connaître auparavant) rencontre un personnage local qui lui propose ses services sur sa bonne mine.

Le bonhomme bien sûr, c'est Zorba, et Zorba, c'est Anthony Quinn, seul à même de porter à lui tout seul une histoire pareille sur ses épaules...

Zorba est un personnage éminemment comique, proche des valets de comédie justement, servile, ronchon, ivrogne, lubrique, joyeux, mégalomane, mythomane et bien entendu absolument épris de sa liberté qu'il galvaude si facilement.

Les deux compères vont donc dans le village d'origine de l'Anglais afin de récupérer une mine en héritage et de donner du travail à tout le village...

Alors, la réalisation se voulant réaliste est terriblement connotée 60's, ainsi que le message parfois un peu simpliste du film, mais cela fait partie du charme.
La photographie est plutôt réussie, d'ailleurs et la musique appartient déjà à la légende, mais l'intérêt est ailleurs, dans ce petit quelque chose d'indéfinissable porté par Zorba qui semble le dépasser lui-même, dans une histoire parfois très belle et toujours surprenante, dans ces moments de joie simple qui transcendent certaines simples, dans la mélancolique présence des femmes et dans une jolie vision de l'amitié entre deux êtres.

Bon, n'empêche que c'est comme pendant mes vacances, il y a vraiment quelque chose de trop dégénéré pour moi chez le bouseux local, aussi gentil soit-il par ailleurs...
Torpenn

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