[SPOILERS]
Il n'a échappé à personne, son trailer a attisé la curiosité des uns, ses pubs fourmillant partout sur le web ont surement lassé les autres. Toujours est-il que le jeu est enfin sorti depuis son annonce de l'E3 2017, soigné de ses graphismes tout en nuances et de son gameplay à la lecture limpide.
Alors qu'en est-il, de cette petite expérience courte d'une quinzaine d'heures? Déjà A Plague Tale réussit sans hésitation son pari de nous plonger dans la peau de deux enfants, Amicia et Hugo dans les pires années d'un moyen-âge sombre et réaliste, pour basculer ensuite dans quelque chose de complètement mystique. On évacue donc immédiatement le débat de l'historicité, c'est surtout un prétexte, et les libertées prises sont justifiées par la nature du média 'jeux vidéo'. On se permet quelques fantaisies sur les costumes, les rats ont un comportement de ruche prédatrice (sans quoi il n'y aurait tout simplement pas d'évolution de gameplay). Et en dehors de ça, c'est du solide. La modélisation du décors est digne d'un jeu Ubi. Chaque screenshot est un potentiel wallpaper, les responsables de la direction artistique ayant tout compris aux transitions de couleurs et à l’étalonnage. Les violons de l'OST nous font parfaitement ressentir l'aspect fourmillant des nuées de rats, quand ils ne sont pas là pour appuyer le drame d'une scène. Côté gameplay, on est sur quelque chose d'assez guidé, le crafting est oubliable, on part sur un système de visée aimantée, mais qui est quand même soumis au fuckup de la part du joueur. Pour l'infiltration, le jeu propose par moments de choisir une autre route plus simple, mais dans l'ensemble on est sur une difficulté moyenne à facile. Le retry est surtout présent quand le joueur bloque sur la manière de faire, plus que des soucis de "skill". Car oui, on ne va pas se mentir, APT est un peu rigide par endroit, mais c'est ce qui fait sa force selon moi. Après tout, on y incarne des enfants, avec tout ce que ça implique d'handicap. Vous allez surement pester (vous l'avez?) sur l'interaction de votre personnage contre un élément de décors dans des moments ou vous auriez pu vous en sortir, ou quand Hugo se décide pour la Nième fois de lâcher votre main pour gambader comme s'il n'avait toujours pas compris le danger qu'il encours. N'est ce pas une manière plutôt convaincante de nous faire véhiculer le nihilisme de cette période historique? Impossible ne pas penser à The Last Of Us ou encore Brothers: A Tale of Two sons. C'est donc assez logiquement que ce jeu se finit en apothéose tant la fin de son récit chavire du côté du fantastique, comme on attendrait une délivrance. Il y a un peu de Verhoeven dans ce jeu, et ça, ça peut pas me laisser indifférent.
Asobo a peaufiné son premier jeu comme on peaufinerait sa copie du bac. Alors personne n'aime les fayots, mais là c'est avec joie qu'on en redemande. Après une barre d'exigence placée si haut, je serais curieux de voir comment ce studio va évoluer...